Pour la sénatrice Amina Gerba certaines politiques répondent aux exigences du temps et doivent être préservées et consolidées : La gestion de l’offre appartient selon elle à cette catégorie « Elle constitue un capital canadien non négociable», dit-elle. Elle prétend qu’il faut se préserver de la compétition américaine et européenne dans le domaine agricole « concurrence rendue à part, à moins d’entrer dans ce jeu et de subventionner à haut niveau nos productions».
Si Amina Gerba, marraine du projet de loi C -282 au Sénat voit la gestion de l’offre comme un système efficace qui a fait ses preuves, elle rejoint le point de vue de Martin Caron, président de l’UPA, mais absolument pas celui de Maxine Bernier, politicien conservateur bien connu pour pourfendre la gestion de l’offre. Les deux hommes étaient ce matin en ondes à Québec à Radio X questionnés sur le projet de loi C-282 que le président Caron voit comme une protection supplémentaire aux intentions américaines après la prochaine élection. Tant les républicains que les démocrates pourraient avoir des intentions de négocier une remise en cause de la gestion de l’offre aux dires du président de L’UPA. Interrogé sur le lait jeté par milliards de litres comme le démontre une récente étude à laquelle a participé le chercheur Sylvain Charlebois, Martin Caron a dit douter de celle-ci et rappelle que la gestion de l’offre est le système le plus équitable qui permet une répartition de la production laitière sur l’ensemble du territoire.
Maxime Bernier s’est montré quant à lui vent debout contre L’UPA qui selon lui depuis 50 ans, avec le système de gestion de l’offre, permet la vente à des produits laitiers à des prix plus élevés au détriment des consommateurs canadiens. Il a incité en fin d’entrevue les producteurs laitiers à vendre leurs quotas « pendant qu’ils valent encore quelque chose» d’ici 2026, année pour laquelle il prédit un gouvernement conservateur au Canada qui acceptera les doléances américaines. Il prétend que les Américains, républicains ou conservateurs, Loi C-282 ou pas, feront tomber le système de gestion de l’offre.
La gestion de l’offre qui protège les agriculteurs canadiens et québécois, grands producteurs laitiers au pays, est souvent remise en cause si ce n’est dans son entièreté du moins dans sa mise en œuvre. Les trois auteurs Guy Debailleul, Suzanne Dion et Michel Saint-Pierre, qui viennent de publier « Notre agriculture à la dérive» écrivent «On estime généralement qu’elle sert bien le Québec même si la gestion de son plan conjoint est souvent critiquée pour sa complexité, sa rigidité et son manque de transparence. Pour le secteur laitier, il s’agit assurément d’un frein à la diversité des modèles de production et des produits».