Wisconsin, « America’s Dairyland » ou la terre laitière des États-Unis. 

En direct du Wisconsin- élections américaines
La Vie agricole a demandé à l’un de ses collaborateurs fraichement arrivé au Wisconsin de prendre le pouls depuis quelques jours de la situation politique. À 24 heures d’un résultat attendu par la planète entière, il nous est apparu important comme média agricole d’entendre les producteurs laitiers de nos voisins du sud.
Yannick Patelli, éditeur de La Vie agricole
Texte de notre collaborateur Marc-Olivier Fortin

C’est la devise inscrite sur les plaques d’immatriculation dans cet État pivot de l’élection présidentielle du 5 novembre. Je me trouve ici pour observer les derniers jours de cette campagne électorale qui retient l’attention des Canadiens. Nos économies étant étroitement liées, il est naturel que nous suivions de près les événements chez nos voisins du Sud.

Le Wisconsin, avec près de 6 millions d’habitants, possède une économie diversifiée, fondée sur l’industrie manufacturière, le tourisme, la foresterie et l’agriculture. Les agriculteurs du Wisconsin forment un bloc électoral particulièrement important et sollicité pour cette élection. Kamala Harris cherche à les séduire en vantant son programme social, en promouvant son plan environnemental et les innovations qu’il pourrait générer dans les productions agricoles. Donald Trump, de son côté, met en avant son expérience en matière de renégociation des accords de libre-échange et de réduction de la réglementation pour les différentes fermes. Je suis allé à la rencontre de quelques agriculteurs qui m’ont dressé un portrait de leurs priorités.

J’ai tout d’abord rencontré Michael Daniels, qui produit majoritairement du soya, du blé et de l’éthanol, et récipiendaire du prix du « meilleur producteur de demain » en 2024. Exploitant plus de 3 000 acres et employant une quinzaine de personnes en période estivale, Michael base son choix électoral sur des considérations économiques, notamment l’inflation des intrants. Il remarque qu’à l’époque de l’administration Trump, la situation était différente. L’inflation actuelle a entraîné une hausse des taux d’intérêt, rendant les investissements plus difficiles. Quant aux tarifs imposés à la Chine par Trump, il estime qu’ils ont favorisé l’industrie agricole.

Dave Daniels (sans lien de parenté), un autre agriculteur, dirige une ferme laitière de 575 vaches dans le comté de Kenosha, au sud-est du Wisconsin. Environ 18 % de sa production laitière est destinée à l’exportation. Il considère que l’administration actuelle n’a guère fait pour assurer le respect des accords commerciaux, et il juge que les contraintes réglementaires étaient moindres sous Trump, facilitant ainsi la gestion de sa ferme.

Dave se dit par ailleurs satisfait de la renégociation de l’accord de libre-échange avec le Canada et le Mexique, qui lui a permis de développer ses exportations vers le Mexique. D’un autre côté il émet des réserves quant au niveau des dépenses sous Trump et juge que l’inflation lui est en partie attribuée. Il siège au conseil d’administration du Wisconsin Farm Bureau, la principale organisation agricole de l’État, qui a adopté une position neutre pour cette élection.

Enfin, John Scott un producteur laitier propriétaire de 180 vaches Holstein, exprime des préoccupations concernant le fardeau fiscal sous l’administration Biden-Harris, ainsi que l’augmentation de la taxe sur l’héritage envisagée. Pour une exploitation familiale comme la sienne, cela représenterait un coup dur. Il estime également que le monde était plus stable sous Trump.

Interrogé sur la situation actuelle de l’industrie laitière au Wisconsin, il fait valoir que la rareté de la main-d’œuvre constitue un défi, bien que la technologie aide à combler cette lacune. Cependant, les taux d’intérêt élevés freinent actuellement les investissements.

Ces trois agriculteurs, bien que vivant des réalités diverses, semblent tous favorables à Trump, avec des degrés d’enthousiasme variés. Interrogés sur leur situation d’il y a quatre ans, ils répondent unanimement qu’elle était meilleure. Il se pourrait bien que cela soit la question clé pour de nombreux électeurs. En parcourant les zones rurales du Wisconsin, le ratio d’affiches Trump/Vance par rapport à Harris/Walz laisse penser que ces trois agriculteurs sont loin d’être seuls.

 

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