L’adoption en troisième lecture du Bill C-282 à la Chambre des communes à Ottawa, qui modifie la Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement de sorte que le ministre des Affaires étrangères ne peut pas prendre certains engagements à l’égard du commerce international à l’égard de certaines marchandises, notamment les produits agricoles sous la gestion de l’offre, a fait ressortir de vieux démons. Le projet est bloqué au Sénat par deux sénateurs qui multiplient les procédures. Et l’alliance canadienne du commerce agroalimentaire (ACCA) a réagi très défavorablement au Bill-C282.
Le Bill C-282 protège un peu plus la gestion de l’offre lors de prochaines négociations, en ne permettant pas aux négociateurs et aux ministres des Affaires étrangères du Canada de mettre dans la balance la gestion de l’offre au cours d’une négociation internationale. Même si cet amendement est plus théorique que pratique, il lance un message clair à ceux qui pourraient être tentés de négocier sur le dos de la gestion de l’offre. Il est clair que cela n’empêchera pas d’actuels ou d’éventuels partenaires de demander l’accès à nos marchés sous gestion de l’offre, mais avec le Bill C-282, il sera plus difficile pour le gouvernement canadien d’accorder des concessions. Du moins il sera obligé de le faire aux grands jours et non pas en catimini comme cela a été le cas dans les dernières négociations.
L’Ouest canadien, principal opposant à la gestion de l’offre
L’argumentaire des opposants est que la gestion de l’offre nuit au Canada pour ses exportations agroalimentaires, et que des partenaires désireux d’exporter au Canada des produits qui sont sous gestion de l’offre, tels du lait et des œufs, pourraient fermer à titre de représailles leur marché à l’exportation agricole canadienne. La plupart des opposants se retrouvent dans l’Ouest canadien, principalement des organismes provenant du monde des végétaux (céréales et oléagineux) et du bœuf. C’est l’affrontement de deux visions du développement de l’agriculture de l’ouest versus l’est.
Le Canada bientôt 3e exportateur de blé au monde
Pourtant l’agriculture de l’ouest ne va pas mal, particulièrement les exportations, le Canada est en voie de devenir le 3e exportateur de blé au monde. La gestion de l’offre ne semble pas nuire à l’exportation agricole du Canada. Il est bon de rappeler que la GESTION de L’OFFRE au Canada est un modèle de production pour combler les besoins intérieurs du Canada sans production destinée à l’exportation, et qu’elle ne vient pas encombrer et déstabiliser les marchés internationaux. Certaines productions comme le lait sans gestion de l’offre seraient probablement à court terme dévastées, mais à long terme deviendraient un sérieux concurrent aux producteurs américains qui mettraient probablement des barrières aux frontières, barrières qui affecteraient beaucoup plus l’ensemble des exportations agricoles canadiennes.
Taille humaine ou mirage de l’exportation?
Beaucoup de producteurs, principalement dans l’est du Canada, ont décidé voilà plusieurs décennies de choisir un modèle de production qui comblait uniquement la demande intérieure en échange d’un revenu plus stable et d’une agriculture de taille humaine au lieu du mirage d’une production axée sur l’exportation.
Se regarder dans le miroir
Les organismes signataires de l’ACCA devraient plutôt se regarder dans le miroir, certaines pratiques de leurs membres en termes d’exportation menacent plus les exportations canadiennes que la gestion de l’offre. On n’a qu’à penser aux larges subventions dans le porc (gracieuseté des gouvernements), ou à l’utilisation de certains intrants comme les hormones dans le bœuf qui ferment depuis longtemps l’exportation du bœuf vers l’Europe.
Le Lobby de ACCA et de l’ouest, par intérêt, ont toujours choisi d’attaquer la gestion de l’offre comme un démon responsable de leurs problèmes passés, ou quand il n’y en a pas, comme responsable de leurs problèmes futurs, cela permet de détourner l’attention de leurs propres problèmes internes.