Guy Debailleul
On ne s’attendait pas à ce que l’agriculture et l’alimentation soient au centre des négociations formelles de cette COP 29 à Bakou ou même que ces sujets y occupent une place significative. Cette COP29 a déjà été surnommée la « COP finance », car la question du financement de la transition climatique des pays du sud et celle du financement des pertes et dommages sont quant à elles centrales dans cette COP 29 et le résultat de ces discussions décidera du succès ou de l’échec de cette COP 29.
Par ailleurs le rythme de sortie des énergies fossiles par les différents pays est également un thème important et à cet égard, les déclarations faites d’entrée de jeu par Iliam Aliyev le président de l’Azerbaïdjan qui accueille cette année la conférence climatique, selon lesquelles les « énergies fossiles sont un don de Dieu » n’augurent rien de bon.
Toutefois l’agriculture et l’alimentation restent très présentes dans les discussions et les événements qui sont proposés en marge des négociations officielles et notamment à travers les conférences de presse et les « side events ». On peut même parler d’un food hub qui se tient pratiquement tous les jours au cours des 2 semaines de cette conférence climatique. On ne sera pas étonné que des organismes comme la FAO ou les principales agences d’aide au développement soient particulièrement actives mais ce que l’on note depuis quelques années – cela avait commencé avec la COP 26 à Glasgow- c’est l’activisme de certaines ONG défendant les thèses végétariennes et ces dernières sont particulièrement présentes à Bakou cette année en particulier 2 d’entre elles qui tiennent chacune plusieurs événements : la première est ProVeg International une ONG défendant les thèses végétariennes. Cette ONG internationale a des bureaux dans 11 pays et emploie 200 salariés. Elle s’est donné pour mission de faire remplacer 50% de la consommation de viande par des aliments à base de plantes ou d’agriculture cellulaire d’ici 2040. Elle bénéficie du soutien de compagnies qui les produisent comme Beyond Meats, ou Flora Food. Ces mêmes entreprises soutiennent l’autre ONG végétarienne très présente à Bakou : la TAPP Coalition. TAPP étant le sigle de l’expression « True Animal Protein Price ». Ces deux organisations en partenariat avec la d’autres associations moins importantes multiplient les conférences de presse et les réunions-débats sur la nécessaire remise en cause fondamentale des systèmes alimentaires en prônant une transition vers l’agroécologie ou l’agriculture régénérative, mais aussi en insistant sur la nécessité de modifier radicalement la place des protéines animales dans la diète.
Cet activisme serait-il la cause de la présence cette année d’événements organisés cette fois par les lobbies de la viande : ainsi cette présence est tellement importante que c’est ce qui a peut-être suscité une réaction des lobbies de la viande qui à leur tour ont décidé de tenir un « side event » dont le thème est : « L’agriculture comme solution à la sécurité alimentaire globale et au changement climatique. » et les organisateurs de ce débat sont : Beef+Lamb NZ, l’association des éleveurs de bœufs et de moutons de Nouvelle-Zélande, le North American Meat Institute, la Chicago Meat Authority, l’US Farmers and Ranchers for Action (USFRA).
Après cela, il sera difficile d’affirmer qu’il ne se passe rien à la COP29…