PL86 : «Trop de terres agricoles dans les mains de Mario Côté», selon le Parti Québécois

Plusieurs groupes se présentaient au salon rouge de l’Assemblée nationale ce 28 janvier pour échanger en commission parlementaire sur le projet de loi 86 qui vise à assurer la pérennité et la vitalité du territoire agricole. Le Parti Québécois, le groupe qui avait le moins de temps de parole, est allé droit au but!

Si ce projet de loi tient particulièrement à cœur au ministre de l’Agriculture André Lamontagne, qui a dit être inspiré et motivé par le passé de Jean Garon, père de la loi de la protection du territoire agricole de 1978, le député péquiste Pascal Bérubé a quant à lui mis les pieds dans le plat dès sa première prise de parole quand il a questionné l’UPA sur le phénomène des terres agricoles achetées par de riches producteurs québécois !

« Est-ce que quelque chose dans le projet de loi 86 peut empêcher Mario Côté d’acheter tout ce qui est disponible à l’est du Québec», a-t-il lancé tout en précisant avoir le soutien de l’UPA local du Bas-Saint-Laurent dans sa démarche.

Dans un premier temps la délégation de l’UPA de Longueuil présente en audition a dit presque naïvement «non», mais le directeur général de L’UPA, Charles-Félix Ross a repris le flambeau en déclarant : « Le projet de loi 86 prévoit quand même un suivi des transactions et il y a possibilité d’une réglementation qui limiterait la quantité des terres achetées par une compagnie».

Ce à quoi Pascal Bérubé, bien conscient que l’accaparement des terres agricoles au Québec n’est pas dû aux Chinois comme le prétendait le syndicat il y a quelques années, a déclaré : « Je suis étonné que le gouvernement ne regarde pas cette piste-là ! Est-ce que c’est parce que c’est une entreprise québécoise ?».

Comme quoi avoir le moins de temps de parole en commission ne veut pas dire que tu es le moins entendu.

Trouver une solution pour la relève en faisant différent!

De son côté l’UPA a mis de l’avant la problématique de la grande valeur financière des terres agricoles aujourd’hui et de la nécessité de trouver à « être original» pour réussir à transférer à la relève.

L’Institut Jean Garon a profité de sa présence au salon rouge pour distribuer allègrement aux députés le livre écrit par trois de ses administrateurs il y a quelques mois : « Notre agriculture à la dérive».

Le coprésident de l’Institut Jean-Garon, Guy Debailleul, a déclaré : « La protection des terres agricoles ce n’est qu’une dimension : une fois protégées, pour quoi faire ? Si peu et si mal! Et pourquoi ne contribuent-elles que si peu à l’alimentation des Québécois», soulignant par le fait même que seulement 2% du territoire agricole est cultivé au Québec.

« Le système actuel n’a pas la robustesse pour affronter les changements qui s’en viennent», a renchéri Guy Debailleul. « Il faut (comme il est dit dans le livre) changer les programmes, sacraliser les sols et diversifier les modes de cultures».

L’Institut Jean-Garon a aussi plaidé pour empêcher les éoliennes sur les sols de catégorie 1,2, et 3 et pour un meilleur financement de la CPTAQ ( Commission de protection du territoire agricole du Québec) qui aura besoin, a-t-il rappelé, de plus d’investissement si on envisage un registre pour contrôler les achats des terres agricoles.

Simon Bégin, porte-parole de l’Institut Jean-Garon, a rappelé que la CPTAQ ne dispose que de 6 inspecteurs actuellement. Pour l’Institut Jean-Garon, ça prend un organisme indépendant allant jusqu’à «ne pas autoriser certaines acquisitions au besoin, mais aussi des programmes qui doivent être de plus en plus en lien avec une vision agroenvironnementale pour assurer la souveraineté alimentaire du Québec».

La FRAQ ( Fédération de la relève agricole du Québec) a défendu quant à elle l’idée que 1000 hectares devrait être le quota maximal en termes d’achat de terres agricoles par un producteur ou une entité. La FRAQ voudrait aussi qu’il ne soit pas possible pour un non-agriculteur d’acheter plus de 1 hectare. Et si la FRAQ est favorable à l’agrotourisme, elle a rappelé que les activités qui s’y rattachent ne doivent pas devenir la norme si l’objectif est de faire de l’agriculture.

Les représentants du Parti libéral se sont intéressés de leur côté à savoir si le projet de limiter la construction d’une deuxième résidence sur une terre agricole, ce qui peut apparaître souhaitable à la jeune génération, ne deviendra pas un regret avec le temps.

Les représentants de Québec solidaire n’ont pas été les plus flamboyants. Étienne Grandmont a avant tout félicité l’UPA pour sa défense des producteurs. Comme certains diraient, on est loin des tirades de Françoise David qui militait pour le pluralisme syndical!

Sur la photo: Le ministre Lamontagne serre la main chaleureusement à Simon Bégin, porte-parole de l’Institut Jean-Garon

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