Le début d’une nouvelle époque pour le syndicalisme agricole en France

L’agroéconomiste français Jean-Marie Séronie, collaborateur avec La Vie agricole et coordonnateur de la mission de l’Institut Jean-Garon en Normandie en 2022 vient de publier un papier qui explique le grand changement qui survient dans le syndicalisme agricole en France : 20 chambres d’agriculture vont connaître une alternance!

 «Jamais les élections aux chambres d’agriculture n’avaient autant été médiatisées dans le grand public. Cela faisait certainement suite aux grandes manifestations agricoles du début 2024, avec un léger rebond en fin d’année. Jamais sans doute le résultat n’aura marqué une évolution aussi forte puisqu’une vingtaine de chambres vont connaître une alternance.», écrit-il.

C’est quoi une chambre d’agriculture en France ?

Les Chambres d’agriculture sont des organismes consulaires fondées en France par la Loi du 3 janvier 1924 et sont chargées de représenter l’ensemble des différents agents économiques de l’agriculture, les exploitants agricoles, les propriétaires, salariés et organisations agricoles tels que les mutualités et coopératives. Elles accompagnent les exploitants agricoles dans leur développement.

Les syndicats en France et les élections!

La France compte plusieurs syndicats dont principalement la FNSEA ( dit le principal syndicat ), la coordination rurale et la Confédération paysanne. Il existe aussi des syndicats divers comme le Modef : Le Mouvement de défense des exploitants familiaux.

Les élus au nombre de 45 à 48 par chambre sont désignés tous les six ans au suffrage universel direct. Le corps électoral représente 3 000 000 de personnes et 50 000 groupements professionnels.

Le basculement

Le nouveau depuis quelques semaines vient du fait que la Coordination rurale conquiert 11 nouvelles chambres. Elle en dirigera donc 14 en métropole. La Confédération paysanne quant à elle en conquiert deux en métropole. La FNSEA perd donc 15 chambres en métropoles.

Jean-Marie Séronie explique : «Dans les 0utremer la situation est plus difficile à lire avec la présence de listes « locales apparentées ». La confédération remporte une chambre et devrait conserver Mayotte quand les élections auront lieu. Le Modef gagne une chambre.»

La FNSEA, un peu l’équivalent de l’UPA d’ici, malgré son recul conserve donc une implantation dominante et pilotera 67 des 88 chambres départementales, nous précise Jean-Marie Séronie.

Il constate : «La tendance de la montée de la Coordination rurale était attendue par tous mais son intensité a beaucoup surpris de nombreux observateurs.»

Le début d’une nouvelle époque ?

«Dans une perspective historique de 40 ans s’ouvre peut-être une nouvelle période. En effet les deux décennies 1980 à 2000 furent globalement marquées par la structuration et l’émergence de la Confédération paysanne à partir d’un transfert de voix du Modef, de listes diverses et d’une stabilité de la FNSEA. Il y eut enfin de cette période l’émergence de la Coordination rurale à partir des voix de la FFA et d’une légère régression de la FNSEA. La décennie 2000-2010 fut marquée par une montée de la Coordination rurale, une baisse sensible de la Confédération paysanne et une stabilité de la FNSEA. Les élections de 2019 montrèrent une très grande stabilité. Cette situation entraîna un conflit de ligne politique important au sein de la Coordination rurale sur la nécessité ou pas de revenir sur des mouvements de contestations forts. Cette ligne stratégique l’emporta.», analyse l’agroéconomiste.

«Les élections 2025 montrent une stabilité (et nous le verrons, en réalité une consolidation)  de la Confédération paysanne, une forte progression de la Coordination rurale et un repli à un niveau jamais connu de la FNSEA. Dans les années qui viennent nombreux sont ceux qui se demanderont si nous vivons le début d’une nouvelle ère. Si c’était le cas, le paysage en 2031 sera totalement nouveau.», explique-t-il.

Les mouvements qui surviennent en France sont souvent précurseurs de ce qui apparaît ensuite au Québec. Toutefois dans le cas du syndicalisme agricole, il est peu probable que les bouleversements dans l’hexagone se répercutent ici tant le monopole syndical a repris du poil de la bête depuis une décennie.

 

 

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