Le Canada Joue avec le Feu

« Le Canada ne peut pas gagner une guerre commerciale en taxant sa propre population—le véritable levier réside dans le ciblage de la dépendance américaine à nos exportations agroalimentaires, et non dans la fragilisation de notre propre sécurité alimentaire et de notre économie. »

Nous y sommes, malheureusement. La guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis est bien réelle, et le Canada en est au cœur. Face à l’escalade des tarifs douaniers imposés par les États-Unis, le Canada a choisi de riposter, et avec raison. Si résister aux politiques protectionnistes est nécessaire, l’approche du gouvernement fédéral risque néanmoins de nuire bien davantage aux consommateurs d’ici qu’aux Américains.

Imposer des tarifs et des taxes sur les denrées alimentaires et les biens essentiels dont les Canadiens dépendent n’est pas seulement une décision économique discutable—c’est une attaque directe contre notre propre sécurité alimentaire. Il est illusoire de penser que nous pourrions remporter une guerre commerciale contre les États-Unis, la plus grande puissance économique du monde. Miser sur des tarifs de représailles ne fera qu’engendrer une riposte encore plus agressive. Résultat ? Un ralentissement économique prolongé qui frappera de plein fouet les Canadiens.

Dans les faits, ces tarifs ne sont rien d’autre qu’une taxe déguisée imposée aux consommateurs canadiens. Chaque hausse de coût sur les produits importés se traduit par des prix plus élevés à l’épicerie, une augmentation des coûts pour les entreprises et une pression financière accrue sur les ménages. Le gouvernement tente peut-être de justifier cette politique comme une réponse nécessaire aux mesures américaines, mais la réalité est claire : ce n’est pas Washington qui en paiera le prix, mais bien nous tous, de Toronto à Montréal, en passant par Halifax et l’ensemble du pays.

Au-delà de son impact sur l’inflation, cette stratégie risque d’entraîner le Canada vers une récession. Alors que le revenu disponible diminue et que les budgets des ménages se resserrent, la consommation – moteur essentiel de la croissance économique – va inévitablement ralentir. Plutôt que de pénaliser les agressions commerciales américaines, le Canada se pénalise lui-même.

Une réponse plus efficace serait d’imposer des taxes sur nos exportations stratégiques vers les États-Unis, notamment la potasse, le bœuf, le porc, les céréales et l’huile de canola – des produits dont l’économie américaine dépend largement. Une telle approche permettrait de maintenir un levier sur le marché américain tout en évitant d’imposer un fardeau inutile aux ménages canadiens. Or, Ottawa a plutôt choisi de maquiller cette ponction fiscale en une riposte patriotique contre les États-Unis, trompant les Canadiens en leur faisant croire que cette stratégie fera une différence.

Ce n’est pas une politique économique réfléchie, mais bien une erreur de calcul.

Alors que l’accessibilité alimentaire est déjà un enjeu critique, les décideurs canadiens devraient chercher des solutions pour soutenir les consommateurs, et non leur imposer un fardeau supplémentaire. Il est temps que les provinces et les citoyens réalisent que d’autres outils existent pour gérer les différends commerciaux, des outils qui ne compromettent ni notre sécurité alimentaire ni notre stabilité économique.

Avec l’arrivée imminente d’un nouveau ou d’une nouvelle Première ministre à la tête du pays, l’avenir de ces politiques demeure incertain. Toutefois, une chose est sûre : poursuivre dans cette direction ne fera qu’aggraver les difficultés des familles d’ici. Il est temps d’adopter une nouvelle stratégie—une qui protège les intérêts du Canada sans infliger de souffrances inutiles à sa propre population.

 

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