
Depuis 2000 ont défilé au MAPAQ : Rémy Trudel, Maxime Arsenau, Françoise Gauthier, Yvon Vallières, Laurent Lessard, Claude Béchard, Laurent Lessard ( pour une deuxième fois), Pierre Corbeil, François Gendron, Pierre Paradis, Laurent Lessard (pour une troisième fois!!), André Lamontagne : 12 ministres en 25 ans.
Les mathématiques parfois expliquent bien des choses. On a entendu au fil des mois dans les champs et dans les salons agricoles des inquiétudes sur la faillite de la CAPÉ et l’abandon des producteurs de proximité, des inquiétudes sur la déchéance lente de l’Union paysanne, des inquiétudes sur une éventuelle fin de la gestion de l’offre avec les dernières sorties de l’équipe Trump, des inquiétudes sur le débalancement dans le soutien aux différentes productions, des inquiétudes sur l’appauvrissement des sols, des inquiétudes sur les montants investis dans le porc pour soutenir un oligopole, des inquiétudes en veux-tu en voilà!
Traditionnellement au MAPAQ ça roule aux 2 ans!
Eh bien si le compte est bon depuis que La Vie agricole existe, soit 25 ans, on a vu passer 12 ministres soit environ un tous les 2 ans. Pas vraiment de quoi avoir le temps de mettre en place une véritable vision.
On se rappellera que Jean Garon tient le score de la longévité (9 ans) et les agriculteurs tous bords politiques confondus se rappellent de lui comme le meilleur des meilleurs. Il a quitté le MAPAQ en 1985! Cela fait 40 ans!
Actuellement le ministre en place, André Lamontagne, tient bonne place dans le marathon sur la durée ( 7 ans) mais ce qui comptera c’est ce qu’il en restera.
Osera-t-il bousculer le mammouth agricole avant de partir? Mettra-t-il les programmes au goût du jour pour soutenir autre chose que les productions privilégiées depuis des décennies au Québec? On produit encore 92 % du blé panifiable pour nos pains et nos croissants dans l’Ouest canadien! Le maïs-soya sont les cultures en partie responsables de l’appauvrissement des terres. Pourquoi des initiatives comme Blé Boulanger Québec, présentées par l’Institut Jean-Garon, n’obtiennent-elles pas le soutien qu’elles devraient avoir de la part d’un ministre qui croit pourtant aux régions et à la diversité des cultures?
Quid des producteurs de blé ? Mais Quid aussi des maraîchers? André Lamontagne est pourtant bien le seul ministre de l’Agriculture qui a osé braver l’UPA en se rendant au congrès de l’Union paysanne dès sa nomination. Il est tout de même attristant de constater que malgré cela, ce syndicat représentant les producteurs de proximité n’a jamais été aussi inexistant. Peut-être aurait-il mieux valu ne pas le visiter mais le soutenir !
Quid des produits de niche que ce soit dans le porc ou dans le lait ? Quid des forces économiques régionales en dehors du «main street» ‘’maïs-soya’’ et produits sous gestion de l’offre qui de toute façon entreront dans un séisme dans quelques temps lorsque l’ouragan Trump déferlera ses colères sur l’agriculture canadienne.
Désespoir au fond du rang
Le ministre Lamontagne est installé aux commandes depuis 2018, il serait encore plus impardonnable que son bilan ne soit pas compté comme positif en fin de mandat alors qu’il aura eu 3 fois plus de temps que les autres pour réussir à moderniser l’agriculture du Québec. Tant que «c’est pas fini, c’est pas fini» mais disons que plusieurs se désespèrent au fond du rang!
Autre constat peut-être pas anodin, seulement 4 présidents se sont succédés pendant ce temps-là à l’UPA : Laurent Pellerin (14 ans), Christian Lacasse (de passage 4 ans), Marcel Groleau (10 ans), et depuis 2021, Martin Caron.
«Facile de comprendre où est la stabilité et la drive», comme disent plusieurs dans le champs.
Vous noterez que ‘’être de passage’’ à l’UPA c’est 4 ans, quand une présence au MAPAQ en moyenne c’est 2 ans. Le défi des 9 ans pour le ministre Lamontagne est le dernier exploit en voie de réalisation depuis Jean Garon mais c’est à l’heure du bilan que les bons points devront se distribuer.
Se souviendra-t-on du ministre qui aura fait aussi longtemps que Garon ( chose quasi possible s’il se rend jusqu’en 2026) ou du ministre qui a réformé l’agriculture autant que Garon le fit dans son temps?
Laissons la chance au coureur: il reste au ministre Lamontagne un peu moins de deux ans pour renverser la table… Restons positifs et voyons!