Découvrez la semaine que nous venons de passer en France avec Les Céréaliers du Québec en texte ou en podcast, mais une chose est sûre, cela vaut la peine d’être lu et entendu ( podcast bientôt sur www.lvatv.ca)
C’est en route en auto vers le Moulin d’Antoine à Murat dans le Cantal que les échanges ont commencé avec le président des Céréaliers du Québec, Danny Messier et l’un des administrateurs, Bonaventure Vinet, de cette association québécoise venue comprendre la culture du blé en France et ce qui en découle. Une semaine énergisante et pleine d’espoir pour l’avenir du blé au Québec!
« On est venu rencontrer ce qui se fait en France pour mettre en place une filière au Québec qui va fonctionner et perdurer dans le temps», a confié Danny Messier, président des Céréaliers du Québec au micro de LVATV dès le début de la semaine d’observation.
Danny Messier et Bonaventure Vinet, de moulins en producteurs de grande culture, se sont forgés une opinion qui assurément devra être entendue de ce côté-ci de l’Atlantique. Les deux comparses étaient accompagnés par l’éditeur de La Vie agricole et un consultant, histoire de tout enregistrer et présenter la filière française du blé sous tous ses aspects.
Les Céréaliers du Québec ont ainsi passé leurs journées à échanger avec tous les acteurs qui forment la chaîne du blé dans l’hexagone pour parler prix du blé, technique des moulins, qualité des farines, cahier de charges, relation avec les courtiers et les boulangeries : tout y passé, y compris les instances responsables en France de l’agriculture raisonnée et de l’agri-éthique.
Les Céréaliers du Québec sont de retour au Québec avec un rapport qui ne manquera pas d’intéresser le gouvernement et l’ensemble des acteurs des grandes cultures par ici afin de maximiser la culture écoresponsable.
« On essaye de prendre ici le plus possible d’informations», de confirmer Bonaventure Vinet dans le trajet en auto qui le mène au Moulin d’Antoine : « En France le mouvement du blé se porte très bien et on est venu voir si on peut importer leur façon de faire vers le Québec» ajoute-t-il.
L’importance du dialogue pour un label réaliste
Au Moulin Antoine, à Murat, Pierre Barthélémy, reconnu pour sa farine de qualité livrée à 50 chefs étoilés Michelin, nous parle de son cahier des charges et de son leitmotiv : ‘’De la graine au pain’’ et de l’importance du dialogue de la filière, mais pas nécessairement du besoin d’un label très rigide : « Le danger d’un label rigide, c’est qu’on est dans un monde en pleine évolution que ce soit sur le plan environnemental, sur les façons de travailler, sur les questions techniques, il nous paraît fondamental qu’on est des critères qui soient évolutifs. Ce qui reste fondamental c’est la qualité du produit chez le boulanger et chez le consommateur.», nous dit-il.
Pourquoi croire plus au blé éco-responsable qu’au bio ?
« Le problème du bio aujourd’hui, c’est qu’on arrive à des coûts de production très élevés. Dans le cadre de ce qu’on peut rencontrer aujourd’hui dans le cadre de certaines maladies, le bio peut poser certains problèmes de production. Et ce qu’on peut dire aussi, c’est que souvent le bio ne nous permet pas de faire les assemblages suffisants pour faire un produit de qualité et je pense aujourd’hui ce qui est fondamental c’est que le consommateur trouve du plaisir lorsqu’il consomme du pain.» dit-il.
Comment payer le producteur au juste prix ?
« Pour s’entendre avec les producteurs il faut des cahiers des charges qui soient acceptés, mais aussi valorisants. On ne peut pas demander à un producteur d’accepter un cahier des charges qui demande de l’investissement sans de l’autre côté améliorer la rétribution du producteur, le prix de vente de ses produits. Il faut mieux rémunérer les producteurs si on veut maintenir un produit de qualité», nous dit Pierre Barthélémy.
La particularité du Moulin d’Antoine qui produit de la farine pour consommation humaine pour les artisans boulangers c’est aussi d’opérer une meunerie de nutrition animale et le dirigeant Pierre Barthélémy l’explique : «La nutrition animale est née des moulins, et pour nous ce qui est intéressant comme moulin c’est d’être aussi dans la nutrition animale, on a déjà un contact régulier avec les agriculteurs et on connait les problématiques de l’agriculture et entre autres de prix. Et de l’autre côté comme quand dans la filière seigle on a un problème de qualité une année c’est de pouvoir recycler et revaloriser le produit en nutrition animale»
Cette souplesse qui plaît tant aux Céréaliers du Québec
Les Céréaliers du Québec sont agréablement surpris de la pertinence des échanges entre tous les paliers de la filière et de la franchise de nos interlocuteurs: « Ils sont toujours prêts à s’adapter d’une année à l’autre. Le cahier de charge il faut qu’il soit évolutif et adaptable. Et le prix payé au producteur est toujours en conséquence du besoin réel pour la filière. Des fois ils ont besoin d’une variété donnée pour établir une qualité de farine, mais au champ le producteur a beaucoup moins d’argent parce que la variété rend moins, mais ils vont compenser.» note Danny Messier, impressionné par la capacité des échanges entre tous les niveaux de la chaîne du blé en France.
«On est loin de ça à Québec» continue-t-il « Moi ce qui m’a frappé, c’est les indices de chute jusqu’à quel point ils le descendent. Ce qu’ils appellent ici le W. Ils le descendent beaucoup. Et les protéines qu’ils se permettent de descendre! Ce qu’ils vont regarder c’est vraiment la qualité panifiable au bout», dit le président des Céréaliers du Québec.
«Pour que la filière semble marcher, il faut que tous les acteurs se parlent : que ce soient boulangers, meuniers ou producteurs pour que ça puisse avancer. Ce qu’on a vu pour l’instant au Québec c’est que tous les acteurs ne se parlent pas alors qu’ici ils ont trouvé une formule pour que tous les acteurs se parlent » dit Bonaventure Vient.
La synergie vantée par tous les maillons de la chaîne
Au fil de la semaine, on en a vu des moulins, des petits et des grands, mais aussi les acteurs parapublics en responsabilité des labels et les structures qui font que tout cela marche entre les producteurs et les moulins pour la plus grande satisfaction des boulangers et des consommateurs. À la Minoterie Moderne nous avons échangé avec Mathieu qui lui comme intermédiaire veut que la satisfaction soit établie au début comme à la fin de la filière : « Les intermédiaires sont organisés par des structures coopératives union de producteurs ou par des négociants privés : notre rôle c’est l’accompagnement du producteur du semis jusqu’à la récolte. On le conseille. On fait le suivi des parcelles. Et on a aussi le rôle de gérer la collecte de céréales. Les producteurs nous livrent au moment des moissons. Ces livraisons sont triées, analysées et allotées chez nous et sont stockées pour être revendues aux différents moulins en fonction des critères de qualité qu’ils recherchent» et il ajoute : « Pour nous ce qui est important c’est que la rentabilité du producteur, elle soit là. S’il ne retrouve pas de rentabilité sur un blé filière parce qu’il fait moins de rendement et qu’on ne le paye pas mieux, il arrête de le faire. L’objectif du moulin c’est d’avoir ce blé-là pour faire sa correction, donc nous il faut qu’on arrive à en mettre en place et pour en mettre en place, il faut que ça rémunère.» nous explique Mathieu Beaudet du Groupe Bernard, intermédiaire entre les producteurs et les moulins.