Le porc en crise: on fait quoi?

L’Institut Jean-Garon a publié cet été un mini-mémoire de 4 pages intitulé : «Allons-nous rater encore l’occasion de revoir nos politiques agricoles?» L’Institut y rappelle que si la fermeture de l’usine d’abattage de Vallée-Jonction est l’élément qui a mis en lumière une problématique de l’intégration dans le porc, la situation s’est réellement développée sur des décennies que l’on pourrait résumer par : Plus il y a de porcs moins il y a d’exploitations porcines! Maintenant que l’exportation n’est plus au rendez-vous, on fait quoi ?

 

L’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) a été créée dans les années 70 pour pallier aux mauvaises années de production y compris dans le porc. Ça part d’une bonne intention sauf que l’assurance a déclenché 33 années sur 43, nous apprend l’Institut Jean-Garon.

Comment Les Éleveurs de porcs du Québec pourraient se dédire?

De plus au fil du temps, l’ASRA prévue pour les producteurs indépendants par Jean Garon a été offerte en 1988 sur un plateau aux intégrateurs suite aux représentations auprès du gouvernement par Les Éleveurs de porcs du Québec (à l’époque, appelés la Fédération des producteurs de porcs) pour faire sauter la limitation aux petits exploitants. Comment croire alors que cette même organisation puisse aujourd’hui se dédire?

À vous de jouer M.Lamontagne!

En conclusion le système actuel soutenu par le syndicat a développé le secteur porcin souvent au-delà de l’acceptation sociale, a permis le développement de la monoculture maïs/soya au détriment de la santé des terres et bloqué toute idée de fermes diversifiées, d’expliquer l’Institut Jean-Garon dans son mini-mémoire.

Vincent Bretron, producteur biologique très actif sur les réseaux sociaux pour la sauvegarde des producteurs indépendants, rappelle que sa vision est dans l’esprit voulu par le ministre Lamontagne : « Notre orientation est parfaitement alignée à la vision du ministère : favoriser une offre alimentaire de qualité et appuyer le développement d’un secteur bioalimentaire prospère et durable en contribuant à la vitalité des territoires et à la santé de la population» .

Il s’étonne aussi par ailleurs qu’il n’y ait pas de publicité des Éleveurs de porcs du Québec orientée sur le porc de spécificité bio sur l’ensemble de la communication pourtant majeure dans les médias généralistes à destination des consommateurs.

De plusieurs milliers de producteurs à quelques centaines voire moins, on assiste bien à la fin de la production indépendante dans le secteur porcin : le ministre Lamontagne sera-t-il celui qui fera sauter le dernier verrou de la concentration dans ce domaine ?

M.Lamontagne c’est comme un château de cartes, il faut qu’il s’écroule et recommencer la partie! À vous de jouer!

 Nouveau cri du cœur de Vincent Breton

Le producteur de porc biologique, Vincent Breton, y est allé d’un nouvel appel sur son compte X (ex-Twitter) ce matin : «Comme producteur bio et certifié bien-être animal on doit supplier, quêter, se mettre à genoux juste pour obtenir un peu de support. On ne demande pas la lune, juste une reconnaissance équitable et offrir des alternatives aux producteurs qui ont besoin d’options, prisonniers d’un modèle désuet.», a-t-il écrit.

On se rappellera que le producteur beauceron a déposé le 22 août dernier devant la Régie des marchés agricoles du Québec (RMAAQ), une demande d’exclusion du plan conjoint des producteurs de porcs du Québec. Le 23 août, on apprenait que conformément aux décisions 12429, 12430, 12431, la RMAAQ et Les Éleveurs de porcs du Québec mettaient en place la nouvelle contribution liée au fonds de compensation des pertes liées à la restructuration de la mise en marché des porcs.

« C’est pour cette raison que Les Éleveurs de porcs du Québec devraient appuyer la démarche de duBreton. Il faut trouver des options pour les producteurs indépendants. Le système actuel va les achever! Encore hier une nouvelle contribution spéciale destinée à la production de masse», écrit alors Vincent Breton.

Contrôle du syndicat, spécificité du Québec!

La Convention signée par les éleveurs les oblige à vendre leurs porcs à leur syndicat et à suivre les directives selon la situation du marché, c’est unique au monde comme le monopole syndical l’est aussi, ça vient avec! C’est une spécificité du Québec!

Les Éleveurs de porcs considèrent que les votes en assemblée sont la base du développement à assumer, mais il faudra bien un jour se poser la question comment renverser la vapeur s’il ne reste qu’à peine 100 producteurs indépendants?

Les sorties publiques : pas toujours évidentes

Un autre producteur de porc a fait au printemps dernier une sortie que nous avions relayée dans La Vie agricole. Cécilien Berthiaume disait alors « Pour qui les Éleveurs travaillent vraiment? Il reste moins de 500 entreprises porcines à l’ASRA et considérant que plusieurs entreprises ont plus de 2 entreprises assurées selon moi, il ne reste pas plus de 250 entreprises et 11 d’entre elles contrôlent environ 60% de la production au Québec. Il serait important d’avoir les bons chiffres, car en bons gestionnaires, nous devons avoir des bases de calcul crédibles et non politiques.». Il écrivait aussi : «Je suis impressionné par la volonté des Éleveurs et du MAPAQ de vouloir soutenir à tout prix à même le programme ASRA l’industrie de la transformation. Je ne comprends pas pourquoi les Éleveurs se butent à ne pas entendre une nouvelle approche structurante.»

Depuis il s’est fait beaucoup plus discret. Rencontré par La Vie agricole en juin dernier quelque temps après sa première sortie, il nous confiait dans le couloir de l’hôtel qui accueillait l’assemblée générale des Éleveurs de porcs: «Ouais je voulais te parler d’un truc par rapport à ça, mais après avoir parlé avec des gens de l’UPA, on m’a dit touche pas à ça pour l’instant».

Le château de cartes est peut-être plus solide qu’on ne le pense! Gros défi pour M. Lamontagne s’il veut une agriculture diversifiée dans le secteur porcin!

 

 

 

 

 

 

 

1 Commentaire

  1. L’article “Le porc en crise: on fait quoi ?” aborde un sujet crucial pour l’industrie porcine, mettant en lumière les défis actuels et les décisions qui doivent être prises pour relever ces défis. L’Institut Jean-Garon souligne la problématique de l’intégration dans le porc, en notant que la fermeture d’une usine d’abattage a révélé un problème qui s’est développé sur des décennies. L’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) a été mentionnée comme une solution initiale, mais les statistiques montrent qu’elle a été activée fréquemment.

    La décision d’offrir l’ASRA aux intégrateurs au lieu des petits exploitants est remise en question, remontant aux représentations auprès du gouvernement par Les Éleveurs de porcs du Québec. La question centrale est de savoir si cette organisation peut maintenant revenir sur cette décision. La situation actuelle a conduit au développement d’une monoculture maïs/soya, entraînant des conséquences pour les terres et bloquant la diversification des exploitations.

    Le producteur biologique Vincent Breton partage sa vision alignée avec celle du ministre Lamontagne, axée sur une offre alimentaire de qualité et un secteur bioalimentaire durable. Il souligne cependant le manque de communication sur le porc de spécificité bio par Les Éleveurs de porcs du Québec. La transition d’un grand nombre de producteurs indépendants à seulement quelques-uns est évoquée, soulevant des questions sur la concentration dans le secteur.

    Le producteur Vincent Breton appelle à des alternatives pour les producteurs indépendants, remettant en question le modèle actuel et appelant au soutien pour une transition plus équitable. En résumé, l’article examine les défis auxquels l’industrie porcine est confrontée et les différentes perspectives sur les solutions possibles.

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