«L’UPA fait croire aux producteurs que le support dépend d’eux», dit Vincent Breton

En commentaire à notre texte, les colères agricoles en Europe viendront-elles jusqu’ici? Vincent Breton a écrit sur la page Facebook Porcelets en surplus Québec :

 «Non, l’argent coule à flots à l’UPA, ils ont un budget commandite, publicité et influence de plus de 60M par année. Dans les secteurs sensibles, les indépendants sont en voit de disparition sans que personne ne lève le petit doigt … Il va y avoir quelques démonstrations de l’UPA, mais pas d’implication de masse des agriculteurs…Peut-être une guerre de lobby sans plus…l’UPA et ses fédérations ont pas mal réussi à faire croire aux producteurs que le support dépendait d’eux … ce qui est souvent faux, à mon avis.»- Vincent Breton

Cet avis est partagé par plusieurs intervenants du monde agricole à qui nous avons parlé. Il semblerait qu’au Québec, «le monde syndical de par la loi votée en 1972 qui donne un droit de taxation est assez riche pour s’offrir de l’influence qu’aucun gouvernement ne peut contrer», nous at-on dit.

Ce n’est pas pour rien que le «running gag» sur la colline parlementaire à Québec ( et ceci depuis des décennies )est le premier ministre du Québec qui dit à son ministre de l’Agriculture : « Je ne veux rien savoir d’avoir des tracteurs sur la Grande Allée».

Disons que ça coupe toutes les ambitions de changement même pour les plus audacieux des ministres de l’Agriculture qui se sont succédé au 200 chemin Sainte-Foy.

Nombreux sont ceux au Québec qui disent que les décisions se prennent à Longueuil dans la tour de l’UPA plutôt qu’au 200 chemin Sainte-Foy à Québec d’ailleurs.

Rappelez-vous la chronique de Pierre Nadeau, ancien directeur général (poste occupé aujourd’hui par Charles Langlois), du Conseil industriel du Québec en 2018 dans nos pages lorsqu’il jouait le conseiller fantôme et offrait sa vision au tout nouveau ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, alors fraîchement arrivé en poste.

«Si vous souhaitez simplement survivre politiquement, vivre en paix et conserver longtemps votre limousine, n’allez pas plus loin. Les tenants du statu quo vous encenseront et vous assureront une longue vie politique.  On choisira (ou approuvera) vos hauts fonctionnaires, votre personnel de bureau et celui des agences dont vous êtes responsable. Vous serez alors, comme bien de vos prédécesseurs, ministre du MUPAQ et non pas du MAPAQ. Vous pourriez même déménager votre bureau dans les tours jumelles de l’UPA à Longueuil.

Si au contraire, vous cherchez à avoir du leadership et faire quelque chose pour le Québec et pour ses citoyens: développez une écoute attentive, voire agressive. Ne donnez pas le leadership au milieu et ne cherchez pas un centième consensus. Vous êtes le leader et vous êtes le consensus. Et bonne chance, ce ne sera pas facile. Toutes les personnes à qui vous parlerez auront une parcelle importante de vérité, une parcelle importante de leur propre réalité à vous transmettre. La question pour vous sera de trouver les moyens d’intégrer, nourrir et permettre à toutes ces réalités plurielles de s’épanouir dans un milieu qui lui bloque la route et qui craint le changement et l’innovation.

À cet égard, je vous conseille d’aller vous asseoir seul dans l’antichambre de votre salle de réunion, en réalité, c’est la salle d’attente de vos visiteurs  et prenez le temps de regarder les photos au mur de tous les ministres de l’Agriculture qui vous ont précédés. Il y en a plusieurs.  Arrêtez-vous devant celle de Jean Garon et demandez-vous pourquoi il a été apprécié et s’il a fait beaucoup de courbettes pour y arriver. Avant de sortir, profitez-en pour faire un petit clin d’œil  à la photo d’Yvon Picotte, car il écrit encore aujourd’hui dans un journal mensuel indépendant  « non lié » qui traite de questions agroalimentaires sans les orientations ou filtres habituels du milieu. Un journal d’idées totalement indépendant est une denrée rare de nos jours. Considérez cette salle comme votre salle de réflexion et retournez-y seul souvent. Vous serez en bonne compagnie!»

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *