Rencontré lors du récent Sommet des coopératives à Québec, le président de l’UPA, Marcel Groleau a été sollicité par La Vie Agricole pour répondre aux propos tenus par le ministre de l’agriculture Pierre Paradis lors de l’entrevue exclusive qu’il a donné à La Vie Agricole dans son numéro d’octobre et pour répondre à des enjeux actuels de l’agriculture québécoise.
Trois questions ont donc été posées à Marcel Groleau. Celles-ci lui ont été transmises par courriel et les réponses nous sont parvenues par son conseiller aux affaires publiques, Patrice Juneau. Toutefois, M. Juneau nous a expliqué que le président de l’UPA ne souhaitait pas répondre à la troisième question.
Yannick Patelli : M.Groleau, le prochain traité Canada-Europe vise la fin des subventions à l’exportation et la fin des tarifs douaniers. Est-ce que cela vous inquiète pour la survie de la gestion de l’offre au Canada ?
Marcel Groleau : “Non car la gestion de l'offre exporte très peu. Cela entraînera certains changements pour la disposition des surplus de poudre de lait écrémée. Ce qui m'inquiète, c'est que les subventions à l'exportation ne disparaissent pas vraiment. Elles sont simplement rebaptisées et converties. Le soutient total ne change pas et peu importe le nom, ça demeure une compétition déloyale et un élément de distorsion sur les marchés. Les Européens sont des experts pour déguiser leurs programmes“.
Yannick Patelli : Jean Pronovost dans son rapport disait être en faveur d’un système qui remplace l'ASRA par une aide basée sur les revenus, la localisation et les pratiques de la ferme, accessible à toutes les fermes ? Comment vous situez-vous comme président de l’UPA avec cette formule ? L’aide de l’État doit-elle privilégier l’aide aux fermes familiales avant les intégrateurs ?
Marcel Groleau : “A l'époque de la commission Pronovost, la solution magique pour soutenir les fermes était les paiements directs lié à des conditions sociétales (ex: environnement) pour qu'ils soient socialement acceptables. Les choses ont changé depuis. Les paiements directs en Europe sont de plus en plus contestés – ils seront graduellement réduits – car ils ne sont pas efficaces lorsque les prix des marchés s'effondrent et en d'autres moments, ils versent des sommes importantes aux producteurs alors que les prix des marchés sont bons. Les États-Unis se tournent maintenant vers des programmes de coassurance qui ressemblent beaucoup à un mix des programmes ASRA et Agri-stabilité. François Gendron a introduit Agri-Québec Plus lorsqu'il était ministre de l'Agriculture, suite au travail de l'UPA avec le Ministère de l'Agriculture, pour pallier aux coupures fédérales. Il s'agit d'une amélioration des couvertures générales offertes par Agri-stabilité pour la ferme avec un plafond d'intervention. Donc, il faut continuer le travail pour améliorer les programmes et oui, je veux des programmes adaptés aux besoins des fermes familiales“.
Yannick Patelli : La commission Pronovost recommandait de reconnaître de nouvelles associations professionnelles et d'offrir un choix aux agriculteurs. La question de l’accréditation syndicale unique est remise aujourd’hui en question toujours par L’Union Paysanne mais aussi le Conseil des Entrepreneurs Agricoles (CEA). Le ministre Paradis a dévoilé récemment à La Vie Agricole, qu’il lit, les rapports Pronovost et Saint-Pierre. Pensez-vous que tout en gardant un rôle central l’UPA devra accepter que d’autres organisations puissent exister dans la représentation agricole ?
Comme précisé en début d’article, M.Groleau n’a pas souhaité s’exprimer sur cette question.