L’Union des producteurs agricoles (UPA) est en train de devenir un véritable problème pour l’ensemble du Québec. Au Canada, il existe qu’un seul syndicat pour lequel les producteurs agricoles doivent obligatoirement payer une cotisation, et ce dernier est au Québec. Depuis des décennies, l’UPA est roi et maître dans son pays, mais depuis quelques années, il semble que son influence s’effrite quelque peu.
En effet, depuis le dépôt du Rapport Pronovost, qui recommande la fin du monopole syndical de l’UPA, le collectif agricole québécois s’interroge sérieusement sur le statut unique de l’organisme de Longueuil. L’UPA est essentiellement un syndicat d’entrepreneur. Certaines fermes d’envergure engagent déjà des employés syndiqués. Ainsi, en agriculture au Québec, des syndiqués emploient des syndiqués. Bizarre d’astuce.
Néanmoins, les producteurs ont certes toujours un choix d’association et peuvent adhérer à d’autres organismes et en devenir membre, mais la loi actuelle assujettit les producteurs à financer l’empire « UPAien ». Cette emprise inouïe sur l’agriculture québécoise n’arrive pas de nulle part. Elle résulte de plusieurs décisions politiques qui s’étalent sur plusieurs années.
D’ailleurs, certains programmes financés par des fonds publics sont liés à cette cotisation. C’est le cas notamment, depuis 1995, pour le remboursement de taxes foncières agricoles, un programme de l’état, essentiellement lié à la cotisation syndicale de l’UPA, un organisme entièrement privé faut-il le rappeler. Au Québec, le programme de remboursement foncier est l’un des plus importants programmes pour les producteurs agricoles, puisque faute de payer une cotisation à un syndicat, les ramifications financières pour une ferme peuvent être désastreuses. L’UPA utilise les fonds publics pour des fins de discipline et lorsque l’argent ne fait pas l’affaire, on n’hésite pas à recourir à l’intimidation. D’ailleurs, ces dernières années, le dossier du sirop d’érable a été un bel exemple.
À l’époque, l’initiative de jumeler la délinquance de cotisation avec les remboursements d’impôts fonciers avait été présentée et piloté par monsieur Marcel Landry, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation au sein du Cabinet Parizeau. Avant d’être élu, ce dernier a été un employé de l’UPA, et ce, plusieurs années. Contaminé par un nombre infini de conflits d’intérêts, le secteur agricole au Québec peine à sortir d’une doctrine déconcertante. Plusieurs intervenants du secteur se sont résignés à jouer selon les règles dictées par l’UPA. Qu’il s’agisse de chercheurs, de professionnels, d’intervenants du secteur financier, tous ont dû accepter les règlements de l’UPA, en sourdine, sans que personne ne s’en aperçoive.
Alors que les producteurs agricoles versent, à l’UPA, environ 13 millions de dollars annuellement en cotisation obligatoire, il s’avère que ces sommes ne sont pas toutes bien dépensées et que certaines personnes manquent de jugement. L'UPA dépense des centaines de milliers de dollars par année pour financer des poursuites contre ses propres membres.
L’UPA est un modèle unique en Occident. Le ministre Pierre Paradis a déjà mentionné qu’il désire mettre un terme au monopole syndical au Québec et ainsi permettre d’octroyer un choix aux producteurs agricoles. Toutefois, pas plus tard que la semaine dernière, l’Union des producteurs agricoles (UPA) a demandé la tête du ministre de l'Agriculture. En effet, depuis des décennies, c’est la première fois que le Québec a véritablement un ministre qui se préoccupe du bien-être du secteur agroalimentaire, et ce, pour l’ensemble de la population québécoise sans pour autant courtiser un syndicat qui fait souvent beaucoup de tapage. Sous le silence et pour les citoyens, monsieur Paradis semble vouloir protéger le patrimoine agricole québécois et c’est tant mieux.
Contre l’empire UPAien, monsieur Pierre Paradis est présument le « Luke Skywalker » de l’agriculture québécoise. Et pourquoi pas, puisque son oncle était, en effet, un agriculteur.