Alors qu’il vient de signer une chronique dans le dernier numéro de La Vie Agricole où il s’interroge clairement sur la pertinence de maintenir le monopole syndical dans le secteur agricole au Québec, Jean Garon y est allé d’un témoignage choc d’abord au Canal Argent puis au Journal de Montréal hier en se déclarant en faveur de la fin du monopole de l’UPA !
“Jean Garon ne cache pas son désarroi devant le fait que la Politique sur la souveraineté ait complètement évacué la question du monopole de l‘Union des producteurs agricoles (UPA).“ pouvait-on lire sur le site de Canal Argent hier. La journaliste Denise Proulx y rapportait que Jean Garon analysait le ministre Gendron comme manquant de stature.
“Gendron ne comprend pas l’agriculture. Il a une vision de colonisation. Il ne sera jamais le gars qui va mettre fin à ça. Heureusement, le monde commence à bouger», a confié Jean Garon à la journaliste de Québécor. Comme dans son autobiographie sortie récemment, Pour tout vous dire, Jean Garon accuse le président de L’UPA, Marcel Groleau de ne pas distinguer les intégrateurs des fermes familiales et de nuire aux producteurs en traitant de la même façon des petits agriculteurs et des intégrateurs millionnaires dans le remboursement de l’ASRA en se basant sur le nombre de têtes d’animaux, plutôt que par ferme.
Groleau croit fermement au bienfait du monopole
Marcel Groleau a confirmé au Journal de Montréal qu’il croit que de plus en plus de producteurs veulent se fédérer avec L’UPA et il a assuré que l’intégrateur n’a pas plus de poids que le petit producteur. Il ne craindrait donc sûrement pas un référendum par la poste sur le maintien ou non du monopole syndical comme de plus en plus de producteurs semblent le souhaiter tant il semble sûr de l’adhésion volontaire des producteurs au syndicat qu’il représente.
Le ministre Gendron a quant à lui évité de répondre directement à Jean Garon en disant simplement de se référer à la Politique sur la souveraineté alimentaire pour comprendre sa position.
Le courage de dire…
Dans la foulée, nombreux ont été les acteurs du monde agricole à souligner le courage de Garon à dire les “vraies affaires“. André Plante, directeur général de l’Association des jardiniers maraîchers du Québec a dit à Canal Argent : «Nous croyons que les producteurs gagneraient à avoir le choix de leur représentation. Quand il faut défendre nos dossiers, comme l’environnement, l’UPA ne nous représente pas adéquatement». Le président du Conseil des entreprises agricoles, Jacques Cartier, qui a déjà confié à La Vie Agricole il y a quelques mois qu’il croit sérieusement à la fin du monopole syndical, pense lui que Garon a compris que les choses ont changé. Benoit Girouard à la lecture de cette information sur Canal Argent m’a rejoint pour me signaler la sortie très prochaine d’un manifeste en faveur de la pluralité syndicale qui sera dit-il signé par de nombreuses personnalités.
Au cours de cette enquête menée par Québécor j’ai moi-même témoigné d’une situation qui prend de l’ampleur au sein de notre publication privée et agricole qui reçoit des témoignages de producteurs insatisfaits qui nous font parvenir des lettres d’exclusion de leur syndicat de base: «Au milieu des années 2000, seule l’Union Paysanne remettait en question le monopole syndical de l’UPA. Maintenant, tous les jours, nous recevons des appels et des courriels de partout au Québec. Bien des agriculteurs sont dans une écoeurantite maximale. S’ils ne sont pas du même avis que les dirigeants de l’UPA, ils se font exclure, démissionner de leur syndicat de base si je me réfère aux témoignages que nous recevons au journal»