La Covid 19 aura eu comme effet secondaire de mettre de l’avant la question agricole. Les pénuries de certains aliments dans les épiceries, les fermetures d’abattoirs et la menace de fermeture des frontières aux produits nous a fait réaliser l’importance de notre autosuffisance alimentaire. Cette prise de conscience à amener bien des citoyens à s’intéresser un peu plus à l’agriculture, à essayer d’en comprendre les enjeux. Les médias et les institutions ont compris cela et alimentent l’information, une petite révolution en soi, car le monde agricole par nature généreux et accueillant n’est cependant pas habitué à discuter en public des enjeux qui le concernent.
L’autosuffisance alimentaire a été, il y a plus de 40 ans, une préoccupation de nos gouvernements. L’abondance dans nos épiceries, l’augmentation de notre niveau de vie alimentaire et l’expérience d’aliments de plus en plus exotiques nous ont tranquillement fait oublier cette préoccupation. La crise actuelle nous a rappelés à l’ordre, ce confort alimentaire peut être menacé de bien des façons.
Le principe du plus gros c’est meilleur en a pris pour son rhume. On a vu que les chaines d’approvisionnement bien rodées, super spécialisées et contrôlées par l’agrobusiness ont eu de la difficulté à s’adapter. Elles étaient pourtant de bonne taille et hyper performantes, mais pas résilientes. On a appris que les chaines de distributions de produits pour les restaurants fermés n’étaient pas en mesure de fournir les épiceries croulant sous la demande. Même que 6 mois après le début de la pandémie, on constate encore fréquemment des problèmes d’approvisionnement dans les épiceries.
Imaginez, s’il avait fallu que les frontières ferment au commerce alimentaire et aux denrées agricoles. Une fiction qui a bien failli être une réalité ! Pensez à l’épisode où l’on a envisagé de ne plus abattre les porcs de l’Ontario au Québec, il y a eu beaucoup de pression politique pour que cela n’arrive pas.
De tels événements nous amènent à la réflexion, c’est beau d’avoir de grosses patentes, mais elles doivent être résilientes. Être plus petit, plus polyvalent peut apparaitre moins performant, quoique si l’on met la conservation de l’environnement dans le calcul de la performance l’on arrive à des résultats différents, et l’on gagne peut-être en résilience et en autosuffisance.
Dans sa réflexion, la société va vouloir mieux comprendre les enjeux. Elle va se poser des questions qui risquent de déranger et de faire trembler les temples. Il est important de ne pas avoir peur d’aborder sans complexe et sans cachettes ces différents enjeux. L’agriculture du Québec s’est dotée d’outils fantastiques pour supporter une agriculture plus résiliente, plus autosuffisante : il suffit de les présenter, de ne pas avoir peur de les remettre en avant, ils ne peuvent qu’émerger s’ils sont bien connus. À l’inverse ils risquent d’être évacués par l’opinion publique s’ils restent dans la noirceur.
L’Institut Jean-Garon, instigateur de débats
Un bel exemple, la gestion de l’offre, une vache sacrée, toute réflexion critique sur le sujet est une hérésie. Pourtant plusieurs s’entendent pour dire qu’elle aurait bien besoin d’un rajeunissement, surtout dans le cadre de cette réflexion que la Covid suscite. Elle fait pourtant partie des outils, à mon sens, essentiels à cette autosuffisante alimentaire résiliente.
L’institut Jean Garon participe à ce débat, il présentera prochainement une entrevue avec André Desmarais qui nous donne sa vision de l’agriculture de demain, à travers son expérience de la ferme des Quatre-temps, une entrevue à regarder. De plus j’ai participé à titre d’expert invité à une série de 12 émissions pour MATV, intitulée « La vie agricole », une émission qui porte sur les enjeux agricoles. Une contribution que j’ai faite, avec beaucoup de plaisir, pour amener le débat agricole dans la société.