Réunis à Baie-Saint-Paul, plus d’une centaine de producteurs de blé, meuniers et acteurs de la boulangerie ont convenu de la nécessité de se constituer en filière afin de mieux répondre à la demande croissante pour des produits de boulangerie de haute qualité d’origine locale.
« Culture Pain » serait le nom de ce premier regroupement en filière des différents maillons de la chaîne. Selon, M. Rudy Laixhay de l’organisme Pierre du Moulin, organisateur de la journée, l’accueil très positif des participants permet d’espérer la mise en place de cette filière qui se veut courte, structurée et en mesure de répondre rapidement aux besoins de concertation, de communication et d’organisation d’un jeune secteur en pleine expansion.
Selon plusieurs intervenants, le pain serait en train de retrouver toute sa noblesse et sa place essentielle dans notre alimentation, plutôt que d’être un simple support à d’autre chose. Cela se fait à coup de passion par une multitude d’individus, depuis le producteur de blé dans son champ jusqu’au consommateur qui a redécouvert le goût du bon pain grâce à sa boulangerie locale. Il faut maintenant aller plus loin, estime-t-on.
Selon M. Michel Saint-Pierre, coprésident de l’Institut Jean-Garon qui participait à une table ronde, l’histoire de la renaissance de la boulangerie fine québécoise se compare à celles remarquables des fromages fins, de nos bières artisanales et des vins québécois, autant de produits du terroir maintenant reconnus pour leur grande diversité et leur haute qualité. « Il faut maintenant pouvoir raconter cette histoire et cela nécessite un minimum d’organisation », estime celui qui fut sous-ministre de l’agriculture du Québec et instigateur du Rapport Pronovost.
Constats et défis
Les discussions ont mis en évidence plusieurs constats et défis :
– Contrairement à la croyance véhiculée pendant des décennies, le Québec a les sols et le climat permettant de produire des blés pour consommation humaine de grande qualité, et ce dans toutes les régions, à la condition d’avoir les bonnes variétés et les bonnes méthodes ;
– Le secteur céréalier québécois dominé par le couple mais-soya a besoin d’une plus grande diversité, surtout dans un contexte de changement climatique, et le blé panifiable constitue une voie d’avenir à privilégier;
– La redécouverte à l’occasion de la pandémie de l’importance de l’autosuffisance alimentaire et de l’agriculture de proximité ouvre une fenêtre d’opportunité exceptionnelle pour la boulangerie fine québécoise, d’où l’importance de regrouper et d’organiser le secteur ;
– Le recrutement et la formation de la main-d’œuvre, le regroupement de l’offre et l’arrimage entre les différents maillons de la chaîne, le besoin de mécanismes de certification de l’origine des farines, l’organisation d’une communication efficace et l’adaptation des politiques de soutien constituent les principaux défis auxquels la future filière devra s’attaquer.
À l’issue de la journée, un fort consensus est apparu pour aller de l’avant avec le projet « Culture pain ». Une feuille de route sera élaborée en vue de pousser plus loin la concertation et la structuration du mouvement en une véritable filière. À suivre donc.
La Journée du pain a fait l’objet d’une captation par LVA.TV. L’intégrale et des capsules pourront être visionnées sous peu sur lvatv.ca et institutjeangaron.ca de même que sur différents réseaux sociaux.