«Ne pas tourner le dos aux échanges», dit la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert

La présidente, Christiane Lambert, de la FNSEA, principal syndicat agricole français, faisait le 1er décembre dernier, une intervention lors du 97e congrès de l’UPA. Son passage n’est pas passé inaperçu tant elle a un leadership fort qui transperçait même l’écran puisque, pandémie oblige, la rencontre était virtuelle. La Vie agricole, qui a eu l’occasion de la recevoir à quelques reprises via zoom aussi au cours des deux dernières années dans le cadre de LA QUOTIDIENNE sur www.lvatv.ca, était au premier rang.

Marcel Groleau, président sortant du syndicat agricole québécois l’UPA, l’a présentée comme une femme engagée depuis l’âge de 20 ans dans la défense de l’agriculture, elle qui a remplacé en 2017, alors qu’elle était vice-présidente du syndicat, Xavier Beulin, le président  de l’époque, décédé d’une crise cardiaque.

«Vous avez une influence en France. On peut en avoir une ensemble au Québec et au Canada», lui a dit Marcel Groleau.

Christiane Lambert dont le syndicat FNSEA ( le plus important en France, mais pas le seul puisque le pluralisme existe en France comme partout ailleurs dans le monde sauf au Québec) fête ses 75 ans et elle a félicité l’UPA pour  son presque centenaire qui approche à grands pas.

Concernant les enjeux liés à la PAC (Politique agricole commune), Mme Lambert a expliqué sa vision : « Nous avons porté fortement la souveraineté alimentaire dans chacun de nos pays en Europe sans pour autant tourner le dos aux échanges», a-t-elle dit.

Pas d’opposition environnement et agriculture

Par ailleurs elle rappelle que l’agriculture française et l’agriculture européenne sont toutes deux engagée dans la lutte aux changements climatiques, mais en gardant à l’esprit que l’objectif premier est de fournir l’alimentation à tous. «Nous avons assisté à un verdissement de la politique agricole commune», a-t-elle précisé.

La présidente de la FNSEA souligne qu’elle fait face parfois à des élus vert, «très verts» qui trouvent qu’en termes de verdissement les producteurs n’en font pas assez au point où certaines aides de l’Europe maintenant ne sont accessibles que si «on montre patte verte».

Pour sa part la FNSEA défend une PAC « de production qui veut dire création de valeur économique, mais dans laquelle on tient compte  de la transition écologique», précise-t-elle.

Elle ajoute : « On oppose souvent agriculture et environnement alors que  nous savons que  les deux sont  conciliables. On s’inscrit d’ailleurs en faux contre ceux qui disent qu’il y a opposition entre environnement et agriculture. Les agriculteurs sont les artisans du paysage.».

Concernant la méthode CRISPR, elle explique que c’est complètement différent  des OGM et que cette lecture de génome permet des instructions précises qui seront primordiales pour  l’avenir de l’agriculture. Elle se félicite d’avoir le soutien du ministre de l’Agriculture actuel en France, Julien Denormandie, lui-même agronome. « Il faut travailler sur l’acceptabilité sociale. On n’a pas assez travaillé en 2001 pour les OGM. Il ne faut pas répéter la même erreur».

La relève, un souci

Elle s’inquiète particulièrement du manque de relève puisque 46 % de la population agricole a plus de 52 ans en France et quittera la profession dans les dix prochaines années.

L’argent de l’Europe via la PAC ( Politique  agricole commune )

En 2018 on nous a proposé un budget de – 15 %, mais avec le Covid on a finalement eu un budget à – 2 %. La PAC permet une redistribution d’argent aux producteurs. La nouveauté cette année est que dans le cadre de la PAC chaque pays écrit son PSN ( Plan stratégique national), un aménagement qui pourrait  amener une politique commune certes, mais peut-être plus  en adéquation avec les réalités de chaque pays.

Mme Lambert reconnait qu’il y a beaucoup d’aides de l’Europe, mais qu’en contrepartie cela entraine beaucoup de suivis administratifs et même des contrôles réguliers  au-dessus des exploitations par satellites par exemple.

Ouverture sur le monde : «Produire moins ne serait pas responsable»

La FNSEA n’est pas en faveur d’une politique de repli sur soi. Comme le précise Mme Lambert, même la FAO prône la souveraineté alimentaire solidaire. « Il y a encore 875 millions de personnes qui souffrent de malnutrition dans le monde», précise Mme Lambert «Produire moins ne serait pas responsable».

La réciprocité, une nécessité

En guise de conclusion Mme Lambert a fait une déclaration concernant l’importance d’avoir des normes de réciprocité entre les pays importateurs et exportateurs :

« N’importons pas l’alimentation qu’on n’a pas le droit de produire ici», a-t-elle dit.

Autosuffisance alimentaire en France

Lors de la période de questions, interpellée sur le taux d’autosuffisance alimentaire en France, Mme Lambert a précisé que concernant les céréales, la France est en excédent et exporte, on parle d’un taux de 140 %. La situation est similaire dans le lait, le fromage et la viande autour de 105 %, autour de 103 % dans le porc. Ce ne serait que dans les fruits et légumes que la France aurait  un taux d’autosuffisance faible.

Elle dira déclenchant des rires dans la salle, puisqu’elle-même productrice de porcs, «On veut tous des saucissons de proximité, mais pas de porcherie à côté de chez nous».

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