Encore du lait jeté en quantité industrielle, les avis sont partagés!

Tout part d’une grève générale illimitée chez Agropur à Granby. Le bilan c’est deux millions de litres de lait qui ont dû être jetés depuis le déclenchement d’une grève fin juin dans une usine d’Agropur à Granby. C’est par la faute d’un transformateur donc, et pas le moindre, Agropur coopérative propriété de producteurs laitiers, que les fermes laitières doivent sacrifier leur production à coup de milliers de litres par jour. Les Producteurs de Lait du Québec expliquent et justifient, les observateurs et les autres transformateurs critiquent un statu quo dans le monde du lait jamais discuté!

L’usine de Granby transforme 800 000 litres de lait par jour, soit 10 % de toute la production au Québec, l’impact de la non-transformation de celui-ci est donc majeur. Au lieu de le jeter, le lait est parfois utilisé pour nourrir des animaux, mais dans un contexte inflationniste comme on vit actuellement, on peut supposer que les consommateurs ne seront pas patients très longtemps même si Les Producteurs de lait sortent dans les médias pour rappeler qu’au-delà des deux millions de litres de lait jetés on en produit au final 70 millions par semaine.

Ces pertes seront impactées certes aux producteurs, mais en raison du système de gestion de l’offre, les pertes seront collectivisées, un moindre mal pour les producteurs qui disent déjà souffrir du cout des intrants qui explose.

Pourquoi la grève?

À en croire l’état de la situation, le conflit est né autour des horaires de travail des 250 employés de l’usine Agropur de Granby, un modèle en place depuis les années 80 auquel les employés semblent tenir.

Un leadership à initier!

Selon le chercheur de l’Université Dalhousie et consultant pour de nombreux médias, Sylvain Charlebois, les deux millions de litres jetés cette semaine ne sont que la pointe de l’iceberg puisque, selon lui, on jette plus 100 millions de litres de lait par année au Canada. L’indemnisation automatique des producteurs est selon lui la cause du maintien du statu quo.

Alors qu’il entre en campagne pour sa réélection, le ministre de l’Agriculture André Lamontagne, qui a récemment dit que la synergie dans le monde du lait fonctionnait, prendra-t-il le leadership d’une modernisation de la gestion de l’offre pour éviter certains abus mis en évidence par plusieurs observateurs?

La gestion de l’offre est canadienne, mais l’essentiel de la production laitière du Canada se fait au Québec et il semble qu’il faille un pilote dans l’avion : qui prendra place dans le fauteuil?

Des investissements nécessaires dans le monde de la transformation

La Vie agricole a rejoint un transformateur dit de ‘’taille moyenne’’, il nous a précisé que pour le moment la grève chez Agropur n’a «aucun impact à court terme».

Mais il nous a aussi mentionné que dans le même esprit que le prétend Sylvain Charlebois «Les producteurs qui jettent le lait oublient de mentionner qu’ils sont payés 100% pour tout le lait qu’ils jettent. Que la gestion de l’offre protège leurs revenus».

Ce transformateur ajoute : «La mise en commun des revenus minimise l’impact financier. Si la situation perdure, comme l’usine transforme 10% du lait du Québec, ça pourrait impacter le prix moyen à la ferme qui serait corrigé par les ajustements de prix à la classe».

Pour lui, un constat est clair : « La capacité de transformation est à son maximum et reste fragile. Le parc d’usines est vieillissant et nécessite des investissements importants pour maintenir sa capacité».

La grève chez Agropur en ces temps d’inflation et de discours proautosuffisance remet à l’avant-scène la nécessité de se parler dans le monde du lait en dehors des périodes de crise. Le docu-théâtre RUN DE LAIT présenté par Justin Laramée et Benoit Côté l’a très bien démontré en mars dernier au Grand Théâtre de Québec. L’œuvre revient en novembre à Montréal, d’ici là des élections auront eu lieu, peut-être que le manche de l’avion sera sous contrôle? Les transformateurs et les producteurs ne sont vraiment pas sur la même longueur d’ondes.

L’institut Jean-Garon dans la tour de contrôle?

L’Institut Jean-Garon soucieux de s’assurer que la discussion sur le monde du lait se fasse disait en mars dernier dans un communiqué : «La Run de lait de Justin Laramée est un voyage à travers la complexité extraordinaire, les contradictions et l’absurdité même d’un système conçu à l’origine pour protéger la ferme laitière familiale et qui est aujourd’hui un obstacle à la relève agricole et un facteur aggravant de la concentration des fermes et des usines de transformation laitières en unités toujours plus grosses.
(…) La pièce expose à la fois le désarroi de beaucoup de producteurs laitiers coincés entre la nécessité de grossir pour survivre et l’impossibilité de le faire et celui des consommateurs ‘’coupables’’ d’être à l’origine de tous ces problèmes par leur demande de produits le moins cher possible.».

Cet institut sera-t-il un jour mandaté pour une lecture objective de la situation? Ce serait déjà une avancée politique à reconnaitre de la part de gouvernements fédéral comme provincial qui naviguent à vue dans cet univers blanc!

 

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