«C’est pas dans les tours à Québec qu’on apprend, c’est quand on fait le tour des fermes», dit Duhaime

Rencontré en privé lors de son passage sur la ferme laitière Jeandon à Saint-Roch-Des-Aulnaies, Éric Duhaime a été plus angélique que diabolique. Il nous a dit être tombé sous le charme du troupeau de la ferme Jeandon au point où il serait bien reparti avec quelques veaux. On le sait très sensible à la cause animale. Lors de la visite dans cette ferme laitière il nous a donné une entrevue exclusive dans laquelle il garde une certaine prudence face aux instances syndicales.

Yannick Patelli : Éric Duhaime, vous avez vécu une expérience sur une ferme de grandes cultures avec La Vie agricole il y a quelques semaines, vous voici sur une grosse ferme laitière : qu’apprenez-vous à côtoyer les producteurs ces temps-ci?

Éric Duhaime : «La production c’est très différent qu’au supermarché lorsqu’on achète notre pinte de lait. On est à des années lumières, ça nous met des visages humains et on voit le processus avec les animaux. Ce qui m’a le plus ému, comme j’adore les animaux et que je les trouve très très belles les vaches, je ne pensais pas qu’elles étaient aussi affectueuses et curieuses».

YP : Concernant le dossier de l’ITAQ, quelle est l’annonce du PCQ ?

ED : «On trouve que ça n’a pas de sens. Ça fait deux décisions consécutives contre La Pocatière, c’est quand même le berceau de l’agriculture au Québec. Que la CAQ est complètement abandonné la région de cette façon-là, c’est totalement inacceptable. On veut préserver le patrimoine agricole. On veut que les études soient publiques et on voudrait même qu’il y en ait une autre et que L’ITAQ soit considéré à part entière. On ne peut pas déshabiller la région parce que la CAQ veut gagner un comté à Rimouski».

YP : La bataille avec la CAQ vient de changer la donne avec le départ de Marie-Ève Proulx ? Est-ce que ça change votre stratégie?

ED : «On n’a plus de candidate!! C’est la seule circonscription où la CAQ n’a pas de candidat au moment où l’on se parle 48 heures avant le déclenchement des élections».

Frédéric Poulin, candidat de la Côte-du-Sud de compléter : «Ça ne change pas la stratégie du tout. Nous autres on a notre plan de match. On est là pour proposer nos idées et nos idées ne changeront pas peu importe les autres représentants des partis».

YP : Est-ce que le PCQ a un programme agricole?

ED : «On va annoncer d’autres choses en cours de campagne avec Frédéric Poulin et Mario Lyonnais (autre candidat producteur). J’ai rencontré aussi L’UPA à leur siège social à Longueuil depuis que je suis allé sur la ferme de Danny Messier».

YP :  Et on dit quoi quand on est le PCQ et qu’on rencontre L’UPA ?

ED : «On les écoute un peu et on leur dit un peu nos positions. C’est pas noir et blanc, il y a des choses avec lesquelles on est tout à fait d’accord et d’autres où on a plus de questions, mais tout le monde a à cœur l’agriculture au Québec, de maintenir les gens en région et nourrir dignement le Québec. Ultimement l’objectif est commun. Il y a moyen de s’entendre et d’optimiser ça. Si on laisse tomber les agriculteurs, on laisse tomber une industrie vitale au Québec. Dans un monde idéal, les agriculteurs aimeraient ne pas dépendre de l’État, c’est le rêve de tout agriculteur, mais c’est un peu utopique dans le contexte actuel où nos voisins, nos concurrents ont une aide très généreuse. Il faut trouver une façon de contrer ça et s’assurer que nos agriculteurs puissent vivre dignement».

YP : Le PCQ est un parti de libertés, c’est même le thème scandé : ‘’Libres chez nous’’, et les producteurs veulent moins de structures, moins de paperasses. Parallèlement dans le monde de la santé, vous avez fait des propositions pour la liberté individuelle et le choix de chacun, est-ce que ça peut s’appliquer en agriculture ?

( Il passe d’abord la parole à son candidat local, Frédéric Poulin, producteur laitier lui-même)

Frédéric Poulin : «Comme dans tous les domaines, tous les producteurs sont d’accord pour avoir une réglementation sévère environnementale, mais ce que les producteurs questionnent c’est pourquoi c’est si compliqué? Pourquoi ça ne pourrait pas être plus simple avec un ministère de l’environnement qui se propose comme un accompagnateur plutôt que comme un policier. De plus en plus les gens vivent en ville et de plus en plus ils s’éloignent des agriculteurs. Ce sont deux réalités qui se voient de très très loin».

Éric Duhaime : «Par rapport  à la liberté, il y a toutes sortes d’aberrations. Il y a des exemples bien niaiseux, mais qui m’ont choqué un peu : des agriculteurs récemment qui m’expliquaient que les peaux qui leur restaient historiquement  ils les vendaient, mais que c’était rendu illégal, qu’il y avait eu des contraventions et que maintenant ils les enterrent. C’est complètement ridicule, c’est un gaspillage pur. Il y en a des aberrations. Il y a des améliorations à faire et il faut surtout écouter les gens sur le terrain. C’est pas dans les tours à Québec qu’on apprend ça! On apprend ça quand on fait le tour des fermes».

 

 

 

 

 

 

 

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