Exclusif/Entrevue: Première Moisson veut plus de blé du Québec et plus de culture raisonnée écoresponsable!

La Vie agricole au SIRHA 

Lors du passage de La Vie agricole au SIRHA à Lyon en France, notre collaborateur Christian Pons a eu la chance d’obtenir une entrevue exclusive avec les responsables de la prestigieuse enseigne québécoise Première Moisson. Il a pu échanger avec Éric Côté, vice-président directeur général du groupe Première Moisson et Gérald Blachon, vice-président réseau détail du groupe Première Moisson. Voici en exclusivité cette entrevue.

 

1-LVA : Quelles sont les raisons de la présence de Première Moisson au SIRHA?

Éric côté : « Première Moisson c’est l’innovation, la recherche de produits de qualité, principalement pour les boutiques : Trouver des idées, des saveurs, des goûts, des textures, l’efficacité, mais principalement des idées».

2-LVA : Quelles tendances espérez-vous trouver ici ?

Gérald Blachon : « On regarde tout ce qui se passe dans le domaine de la boulangerie, de la pâtisserie et du prêt-à-manger donc il n’y a pas de tendance prédominante parce que Première Moisson c’est un concept global où l’on retrouve ces trois catégories-là. On recherche des produits innovants dans ces trois catégories».

3-LVA : Dans quel délai les nouveautés d’ici vont-elles se retrouver en Amérique du Nord ?

Éric Côté : «On ne vient pas prendre des produits et les importer comme tel, nous on est plus local. On travaille avec les producteurs locaux, c’est donc plus les idées qu’on vient chercher ici. Normalement ça se répercute dans un délai de 3 à 6 mois tout dépendants des saisons».

Gérald Blachon : « On vient chercher ici la façon de travailler les produits, voir des méthodes qu’on n’a pas l’habitude de faire en Amérique du Nord».

4-LVA : Le blé raisonné est-il un blé utilisé en importance chez Première  Moisson ?

Éric Côté : « Tous nos pains traditionnels dans nos boutiques utilisent cette farine de blé  raisonné, viennent de cette farine-là.»

5-LVA : Est-ce exact de dire que votre consommation de farine de blé raisonné chez Première  Moisson est d’environ 8500 tonnes par an?

Éric Côté :«Pour le réseau Première Moisson, c’est peut-être un peu moins, car on fait aussi de la grande distribution. La proportion est plutôt 70/30, mais oui environ 3000 tonnes pour les boutiques et 5000 tonnes pour la grande distribution»

6-LVA : Quel intérêt trouvez-vous à ce type de production de blé raisonné ?

Éric Côté : « Un, il est québécois, c’est important pour Première Moisson. On est du Québec et on veut utiliser tout ce qui est possible en intrants québécois. Deux, l’une de nos valeurs c’est de bien traiter la planète. Il est donc important qu’on n’utilise pas de produits chimiques, du moins le moins possible, c’est ce qui est raisonné. On cherche aussi à consommer moins d’eau. Ce sont toutes des valeurs importantes pour nous, mais pour la clientèle qui achète nos produits aussi».

7-LVA : Souhaitez-vous que les producteurs de grandes cultures au Québec produisent plus de blé raisonné pour un meilleur développement de l’agriculture durable et pour en finalité un meilleur pain pour le consommateur ?

Éric Côté : « Du blé raisonné mais aussi du blé du Québec car la difficulté d’approvisionnement du blé du Québec dans les deux ou trois dernières années, ça a été très difficile. Donc je dirais en premier, blé du Québec, mais en plus si c’est raisonné, c’est un plus! Et d’avoir des blés qui se tiennent, qui sont stables pour la production de pain c’est une priorité pour nous. Et raisonner ça fait juste compléter le tout».

Gérald Blachon : « L’avantage d’une agriculture raisonnée, c’est une agriculture qui utilise les ingrédients chimiques qu’en cas de problèmes. C’est comme une culture en transition vers le bio. Utiliser juste du blé bio pour toutes nos productions, ça nous obligerait de mettre le prix de vente qui va avec et ça décevrait probablement une grande partie de notre clientèle. Donc on a une gamme bio et l’avantage d’avoir une autre gamme avec la culture raisonnée, c’est d’avoir quelque chose qui tend vers le bio. Et ça, c’est très important, car ça veut dire éliminer énormément de pesticides».

8-LVA : Le consommateur que vous connaissez bien a un attrait pour le bio, mais connaît-il les qualités de la culture raisonnée et comment envisagez-vous de travailler à l’information auprès des consommateurs ?

Gérald Blachon : « Depuis qu’on utilise ce type de blé là, on fait des efforts dans les magasins pour éduquer notre clientèle. Si vous visitez nos magasins, vous verrez que maintenant il y a un affichage qui explique ce qu’est l’agriculture raisonnée. On fait un effort d’éducation, mais …»

Éric Côté enchaîne: « Mais je pense que si on posait la question à une centaine de clients, je ne sais pas si 80 % sauraient ce qu’est l’agriculture raisonnée. On fait un effort d’éducation, mais y’a pas de constance. On est les seuls à faire passer ce message-là. C’est assez difficile pour un client de comprendre ce que c’est que le raisonné. Blé du Québec c’est facile à comprendre, mais le raisonné alors on est allé sous forme de pictogramme dans les magasins.»

9-LVA : Ne pensez-vous pas au final que la filière a besoin de plus de communications internes et de communications communes avec les producteurs céréaliers du Québec et que cela peut avoir un avenir au sein de votre développement ?

Éric Côté: «On a déjà des partenaires en ce sens, mais on en cherche d’autres aussi, mais plus on se rapproche entre les gens du détail et les gens qui produisent le mieux ce sera »

Gérald Blachon : « C’est comme un clou. Si t’es seul à taper avec un petit marteau sur le clou ça va mettre longtemps à rentrer, mais si on est plusieurs à taper avec un marteau double taille, on l’enfoncera plus vite».

10- LVA : N’est-il pas temps de relancer une pensée chère à Liliane Colpron initiatrice de Première Moisson : De la terre à la table, et de trouver un moyen de parler aux producteurs de la qualité de vos produits et de l’importance de leur rôle dans cette production de pain de qualité et au final d’avoir une communication commune ?

Éric Côté : « Nos partenaires actuels ont créé ça avec Mme Colpron au départ. Ils ont fait de grands pas. Ils ont été les grands partenaires de notre succès, mais oui ce serait le fun maintenant d’amplifier le message».

Gérald Blachon : « Ce qui est important c’est de comprendre aussi que de la ‘’Terre à la Table’’ ça ne veut pas dire seulement un produit qui vient de la terre et qui va sur la table, ça veut dire que dans la chaîne de transformation on transforme le produit le moins possible. On utilise des produits les plus purs possibles pour faire les produits qu’on destine à nos clients. De la ‘’Terre à la Table’’, c’est donc moins de pesticides, moins d’engrais, moins de traitements phytosanitaires, moins de transformation.»

 

Sur la photo Gérald Blachon et Éric Côté de Première Moisson

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