On vient de franchir une étape de plus dans la crise porcine! Après les producteurs indépendants dans le secteur du porc, ce sont ceux à forfait qui réclament aujourd’hui l’aide de l’UPA, jusqu’à preuve du contraire sans écoute du syndicat pour le moment, à en croire les documents qui nous ont été remis.
La Vie agricole a effectivement reçu il y a quelques jours une enveloppe anonyme contenant des informations qui expliquent que les producteurs de porcs à forfait «se sentent négligés par les intégrateurs, mais aussi par leur syndicat».
Si on sait de longue date que les producteurs indépendants se sentent abandonnés, c’est nouveau ce message de la part des producteurs à forfait normalement sous entente avec des abattoirs et des intégrateurs.
Personne n’ose parler par peur des représailles!
Il est écrit dans le document reçu : « Les producteurs de porcs à FORFAIT du Québec sont à la merci des intégrateurs et personne n’ose parler publiquement par peur des représailles. Nous avons besoin de votre aide pour dénoncer cette situation qui a assez duré…»
Rappelons qu’au-delà des producteurs indépendants dans leurs fermes familiales, il y a aussi les abattoirs propriétaires de leurs propres cochons et les éleveurs qui sont à contrats avec les abattoirs. C’est ainsi que dans le merveilleux monde du porc certains producteurs sont un peu comme des ouvriers qui amèneraient leurs outils à la job! Reste que les outils sont gros et coûteux ! Ce sont les producteurs qui fournissent leur exploitation et leurs services pour élever des porcs qui appartiennent aux intégrateurs.
Pas de respect des contrats
Ces producteurs dits à forfait se plaignent que les intégrateurs aient réduit les revenus des producteurs à FORFAIT «de 10 % et ce, sans préavis et sans respecter les contrats signés entre les deux parties».
Par ailleurs, les producteurs à forfait qui nous ont écrit déplorent «que les intégrateurs aient offert des augmentations de salaire assez importantes à leurs employés d’abattoirs, de meuneries, de transport de moulée et d’animaux».
L’UPA préfère éviter le sujet
Les documents reçus précisent que L’UPA et Les Éleveurs de porcs du Québec ont été mis au courant de la situation, mais «qu’aucune action n’a été prise». Il est spécifié : « nos syndicats préfèrent éviter le sujet».
Il semblerait que suite à certains témoignages anonymes révélés dans la Terre de chez nous en novembre 2023, que Les Éleveurs de porcs du Québec aient formé un comité consultatif sur l’élevage à forfait et aient organisé deux rencontres, les 12 et 13 février derniers.
Le 23 janvier dernier, dans une lettre, ayant pour objet ‘’enjeux de l’élevage de porcs à forfait’’, envoyée à leurs membres, Les Éleveurs de porcs du Québec, rappelle que la fédération a «depuis plusieurs années, un comité consultatif sur l’élevage à forfait».
Ce comité est composé de 8 éleveurs et éleveuses à forfait de chaque région de production. Ce comité est présidé par Martin Auger nous précise une copie de la lettre des Éleveurs de porcs du Québec jointe dans l’enveloppe reçue. Sont également présentés les éleveurs par région : Benjamin Roy, président des Deux Rives; Étienne Bélanger, président Bas-St-Laurent; Charles-David Bélanger, président Beauce; Ève St-James, représentante Estrie; Mathieu Marsolais, représentant Lanaudière-Outaouais-Laurentides; Geneviève Chapdelaine, représentante Centre-du-Québec; Alexandre Garneau, représentant Mauricie et Jonathan Alix, représentant Montérégie.
«L’ASRA ne se rend pas aux producteurs»
Les plaignants qui nous ont écrit précisent : « Tout comme notre conseil d’administration provincial de Les Éleveurs de porcs du Québec, plusieurs administrateurs en place sont des ‘’pions’’ de nos intégrateurs porcins. En 2024, une situation comme celle-ci ne doit plus être tolérée».
Il est rappelé que les montants astronomiques versés par L’ASRA concernant les producteurs à forfait « ne se rendent jamais aux producteurs de porcs à FORFAIT».
La crainte de nos informateurs consiste dans le fait que les intégrateurs profitent de la situation : « Les intégrateurs profitent de la situation pour racheter des fermes porcines à prix réduit de leurs éleveurs de porcs à FORFAIT qui n’arrivent plus financièrement. Ces mêmes acheteurs intégrateurs ont de gros panneaux publicitaires le long de l’autoroute 20 annonçant ‘’ACHETEUR DE FERME’’».
La lettre reçue à La Vie agricole est un cri du cœur qui aurait encore plus d’intérêt si le groupe qui a pris la peine de nous envoyer l’ensemble de ces documents souhaitait s’afficher mais il semble que dans le monde agricole québécois, il est plus prudent de s’exprimer masqué!