Demander ne suffit plus, l’avenir du secteur agricole en dépend.

Yvon Picotte

Déjà une année s’est écoulée depuis l’alarme sonnée par les Éleveurs du porc du Québec sur la situation dramatique de l’industrie porcine. Dans leur mire en 2023 une réduction volontaire de leur production à hauteur de plus d’un million de porcs. Partir ou rester, question qu’ont dû se poser des milliers d’éleveurs! Malheureusement, la réalité les a rattrapés et ce n’est finalement qu’une baisse de production à hauteur de 650 000 porcs qu’ont donné jusqu’ici l’abandon et le renoncement volontaire.

Je me joins aux Éleveurs du porc du Québec qui « déplorent le budget 2024-2025 présenté par le ministre des Finances, M. Éric Girard, ne prévoit pas de mesures suffisantes pour répondre aux besoins pressants et importants des milliers d’éleveurs et éleveuses de porcs du Québec qui sont confrontés à un environnement d’affaires inédit ».

Faut-il rappeler à tous les ministres du gouvernement toute l’importance que revêt ce secteur agroalimentaire pour le Québec, pour les régions, pour les municipalités rurales et les villages. Notre filière porcine québécoise génère des retombées économiques de l’ordre de 3,7 milliards de dollars et emploie près de 38 000 personnes. C’est à se demander si son poids économique n’est pas assez suffisant aux yeux du gouvernement.

Gouvernement qui n’en a que pour les entreprises étrangères. À ces dernières, on déroule avec faste, le tapis rouge que l’on pave de milliards de dollars en subventions et incitatifs de production! Pour nos éleveuses et éleveurs de porc, que des miettes. Pourtant, les Éleveurs ont soumis à ce même gouvernement un plan de soutien et d’accompagnement des entreprises porcines dont les besoins s’élèvent à 70 M$. Un plan de quatre objectifs :

  • injecter des liquidités dans les entreprises porcines (qui en ont tellement besoin compte tenu de leur situation financière),
  • améliorer la productivité à la ferme,
  • soutenir les investissements pour le bien-être animal,
  • offrir de l’aide pour la santé psychologique des éleveuses et éleveurs (facteur non négligeable en raison du stress subi et de l’appauvrissement de ces derniers en raison de la chute des prix).

N’est-ce pas trop demandé, messieurs les ministres Girard et Lamontagne, de soutenir ce plan? À l’instar de Vallée-Jonction, d’autres municipalités et villages du Québec vont subir des pertes énormes au plan de l’emploi et des retombées économiques que génèrent la production et l’industrie porcine.

Loin de vouloir faire cavalier seul, je constate à nouveau cet élan de solidarité spécifique au monde agricole. Les Éleveurs joignent leur voix à l’UPA et aux autres associations pour demander un soutien juste et équitable en faveur de l’agriculture québécoise, vitale à l’économie du Québec et de ses régions. À mon avis, demander ne suffit plus, le moment est venu d’exiger du gouvernement un soutien tout aussi équivalent que celui accordé aux entreprises étrangères, notamment en termes d’incitatifs à la production.

L’économie des régions et de nos territoires en a plus que jamais besoin, ce que semble oublier notre super ministre à l’Économie et celui des Finances.

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