Y-a-t-il des blocages pour cultiver du blé humain au Québec?

Le Réseau Grandes Cultures du Québec (RGCQ), est à l’origine un outil pour révolutionner la connaissance liée aux grandes cultures du Québec. Dans le secteur du blé, on entend dire depuis des années que de nouvelles variétés permettraient de cultiver du blé humain à plus grande échelle au Québec. Mais plusieurs sources nous disent aussi que des blocages persistent! La Vie agricole s’est impliquée auprès de plusieurs organisations ces dernières années pour promouvoir le blé du Québec sachant qu’Agriculture Canada rappelait en mars dernier que 92% du blé au Canada se fait dans 3 provinces des Prairies. Quels sont donc les vrais freins à la non-culture du blé au Québec?

Si le but principal du RGCQ est de faire des essais et de recueillir de l’information sur la performance agronomique, la résistance aux maladies, il rend donc service aux producteurs et c’est tant mieux. Mais se peut-il qu’au fil du temps comme bien des organisations elle s’endorme sur ses lauriers et que peu d’innovation ait place au sein du RGCQ ?

Lorsque nous parlons avec des producteurs et des transformateurs sur le terrain, ils s’interrogent sur les efforts réellement mis pour permettre d’implanter dans les champs de nouvelles variétés de blé.

Des semences en Ontario compatibles avec les sols Québécois?

« On n’est pas assez rapide au Québec», se fait-on dire. « À cette vitesse là dans dix ans, on va être au même point.». C’est un sentiment d’impuissance qui habite les producteurs du Québec lorsqu’il est question de produire du blé humain. Pourtant certains nous confient que des variétés de l’Ontario feraient mieux que celles du Québec sur nos sols. C’est donc la frustration bien souvent qui envahit les producteurs auxquels on parle.

Le Québec bien connu pour avoir ses règlements différenciés des autres provinces n’échapperait pas à ce phénomène même quand il s’agit de choisir et autoriser les semences pour le blé?

De nouvelles variétés sont pourtant offertes en provenance de l’extérieur. La plus grosse Coop de France a des variétés partout en Amérique du Nord, dans l’ouest, en Ontario et même dans le nord des États-Unis.

Pourquoi le Québec résiste-t-il ?

La Vie agricole s’est rendue l’an passé en France pour rencontrer des producteurs de blé qui utilisaient des variétés très résistantes au froid dans des régions comme le Cantal, qu’est-ce qui ferait donc que nous n’avons pas accès à celles-ci au Québec?

Place à de nouvelles compagnies ?

Le RGCQ selon notre lecture est un organisme qui doit faire l’équilibre entre les producteurs et les semenciers. Se peut-il que des semenciers s’organisent pour privilégier certaines variétés en lien avec leurs compagnies ? Les producteurs qui acceptent de parler expliquent que  certaines compagnies hors Québec ont du mal à faire tester leurs produits et elles se décourageraient au point d’abandonner d’autant que le marché du Québec est petit.

Du coup il semblerait que les variétés utilisées ici sont très sensibles aux maladies, mais quand même mises de l’avant.

Certains producteurs aspirent à ce que de nouvelles compagnies puissent intégrer le marché québécois pour se donner une chance de trouver des semences efficaces.

Le rôle joué par certains acteurs du privé au sein du RGCQ inquiètent les producteurs qui parfois «doutent de la totale équité et objectivité de l’organisation».

Et le MAPAQ dans tout ça ?

Quel regard porte le ministère sur tout cela alors qu’il est certainement le premier à espérer que nos farines au Québec soient un jour faites avec du blé du Québec.

À en croire les producteurs qui approchent La Vie agricole, le MAPAQ a été un grand absent dans ce domaine depuis des années, mais un espoir pointe à l’horizon : après que La Vie agricole ait mis de l’avant l’importance de cultiver du blé au Québec, que l’Institut Jean-Garon ait pris ce dossier parmi les défis à défendre pour l’agriculture de demain, on peut espérer disent certains que le blé soit de nouveau dans le radar du ministère.

Pour les producteurs sur le terrain, il faut que ça bouge dans leur sens. Leur sentiment profond est que l’institution protège aujourd’hui beaucoup plus le marché québécois des semences que les producteurs en soit!

 

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