Martin Caron, bien moins technocrate que l’ancien président de l’UPA, Marcel Groleau, sait être sensible dans son discours et rejoindre la base plus aisément. Il plane moins, on le sent plus attaché à sa terre, à son territoire et parfois au bord de l’émotion. Il dressait le mardi 5 décembre dernier le bilan de l’année devant un parterre de délégués de l’UPA dans le cadre du 99e congrès du syndicat et il a mis la responsabilité des difficultés actuelles de l’agriculture sur le dos des gouvernements.
« On se sent père de famille. On souhaiterait que le gouvernement soit aussi de ce côté», a-t-il dit.
Le congrès de l’UPA de cette année visait à démontrer les rôles en déclin des deux paliers de gouvernement face à une agriculture sous pression.
Après une section où Martin Caron se substituait un peu à Monsieur Météo, énumérant les sécheresses, les feux de forêt et les pluies diluviennes (il a rappelé que celles-ci avaient impacté 59 % des superficies occasionnant 42% de pertes), il est entrait dans un rôle plus professoral.
C’est alors qu’il a rappelé que sur les dix dernières années les recettes totales en agriculture représentent + 51 %, les dépenses + 64 % et les revenus nets – 38 %. Il a aussi souligné que la dette agricole est de plus de 29 milliards de dollars expliquant que celle-ci a plus que doublé en 10 ans.
Où sont les gouvernements pour aider l’agriculture?
«On vend plus, on achète plus, on s’endette plus pour moins de profits», a-t-il dit.
La raison selon lui à tout cela c’est le désengagement des deux paliers de gouvernements. Ce serait même – 18 % pour le fédéral ! Il a avancé que l’agriculture ne représenterait que 0,42% du budget fédéral et 0,98% du budget provincial!
«Quand on parle d’autonomie alimentaire, quel pays peut prétendre avoir un projet de société avec moins de 1 % de son budget total dédié à l’agriculture», a-t-il lancé pointant sans les nommer les ministres Lamontagne et MacAulay.
Sur le porc, l’UPA attend l’appui du gouvernement
Sur le dossier du porc, qui reste la crise majeure de l’heure, il dira seulement : « On a demandé au gouvernement de soutenir ce fleuron qui lorsque son exportation était au plus haut était plus important que le secteur de l’énergie. On est encore en attente du gouvernement».
Le ministère de l’Environnement : deux poids, deux mesures!
Il s’en est pris ensuite aux écofrais nouvellement chargés aux exploitations agricoles, dont, dit-il, « On n’a pas l’assurance que ce sera recyclé après. Le ministère de l’Environnement, c’est deux poids, deux mesures selon qu’il parle aux grosses entreprises ou aux producteurs».
Pas de place pour les MRC dans le zonage agricole
Sur le zonage agricole, il ne s’avance pas trop, sauf pour rappeler que l’UPA est en accord avec le gouvernement pour mieux protéger, mais que l’UPA dira non à la souplesse. Pas question pour L’UPA de donner du pouvoir aux MRC en région. Sur la propriété des terres, il dira, tout en spécifiant que le Québec n’en est pas encore là, que sur la planète, 70 % des terres appartiennent à 1% de la population.