Nous avons appris cette semaine que la population canadienne a atteint un nombre record. Entre le 1er juillet 2018 et le 30 juin 2019, le pays comptait 531 497 personnes de plus, portant sa population totale à 37 589 262 habitants. Le taux de croissance de la population canadienne de 1,4 % est le plus élevé du G7. En comparaison, la population aux États-Unis durant la même période n’a augmenté que de 0,6 %. Pas si mal pour un pays nordique.
Fait intéressant à noter, surtout dans le cadre des élections courantes, l’immigration représente 82,2 % de cette hausse. Autrement dit, l’immigration constitue la clé pour l’occupation de notre territoire, l’un des plus grands pays du monde.
Donc, de très bonnes nouvelles. À l’exception de Terre-Neuve et du Labrador, l’ensemble des provinces ont connu une croissance démographique importante. Mais la population canadienne continue de vieillir. La moyenne d’âge pour certaines régions dépasse 44 ans. En effet, pour la première fois, le nombre de centenaires a franchi le seuil de 10 000 dans le pays. Ce nombre équivaut à la population de Coaticook ou de La Tuque.
Pour le secteur agroalimentaire, le vieillissement de la population incite les commerçants à offrir des produits un peu différents. La vieillesse nous ralentit, c’est connu. Elle nous force à faire d’autres choix, à manger autrement, à mastiquer autrement. Des aliments précoupés, des produits faciles à mastiquer et à digérer s’invitent tranquillement, mais sûrement sur les étalages. Bien que nous en retrouvions déjà beaucoup sur le marché depuis quelque temps, nous risquons d’en voir davantage. La conception et la disposition des allées dans un magasin devront aussi changer. Déjà au Québec, nous assistons à l’élargissement des allées pour faciliter les déplacements en voiturette électrique et à l’installation de bancs entre les allées dans certains commerces pour permettre à la clientèle de se reposer et de jaser pendant leurs emplettes. Par ailleurs, plusieurs devront faire des achats pour leurs parents vieillissants. Rien de mieux que de tout faire sur le web. Jusqu’à maintenant, même si seulement 2 % des achats alimentaires s’effectuent en ligne, les achats par internet augmentent de près de 30 % par année présentement. La tendance est définitivement au rendez-vous.
L’immigration constitue un facteur démographique que l’on peut difficilement ignorer. Le Canada a accueilli 313 580 immigrants en un an, soit environ la moitié de la population de la ville de Québec. Cela représente beaucoup de monde arrivant avec un certain bagage et des traditions culinaires qui se conjuguent plus ou moins bien avec l’offre alimentaire dans nos magasins. L'accroissement de la consommation des produits ethniques, tout en s'inscrivant dans le courant communautaire au niveau de l'acte d'achat, témoigne du caractère multiculturel de plus en plus affirmé chez nous. En Ontario et en Colombie-Britannique, ainsi qu’à Montréal, ce phénomène s’observe depuis fort longtemps. Pendant que le visage de plusieurs grandes agglomérations change, les nouveaux Canadiens prennent leur juste place à l’échelle nationale. Québec, Halifax, Calgary, Régina, plusieurs villes se multiculturalisent à un rythme important. L'appropriation des cuisines étrangères par les Canadiens est une constante dans notre jeune histoire mais ce qui est réellement nouveau, c'est l'industrialisation et la massification du phénomène.
Le nombre de produits ethniques fabriqués ici augmente sans cesse, mais plusieurs de ces produits peinent à prendre leur place au détail. Nos grands détaillants alimentaires ont toujours eu un peu de difficultés à développer une stratégie efficace pour les produits ethniques pour nos arrivants. Pendant que certains privilégient des sections dédiées à certains produits provenant de l’extérieur, d’autres préfèrent disperser les produits partout en magasin. L'offre ethnique se retrouve de plus en plus dans les commerces à grande surface, mais avec des inégalités de traitement. Plusieurs détaillants bricolent des sections pour les produits ethniques.
Conséquemment, en marge des grands distributeurs, une panoplie de nouveaux petits magasins indépendants opèrent et offrent des produits uniques pour une clientèle bien ciblée. Plusieurs de ces commerces sont gérés par des immigrants eux-mêmes, ne trouvant pas ce qu’il faut pour s’alimenter selon leurs traditions. Pour plusieurs immigrants, le bœuf, le lait, les produits laitiers sont perçus comme un luxe. Et que dire des produits halal et casher, il y a un manque d’attention. Plusieurs nouveaux Canadiens préfèrent d’autres produits, souvent difficiles à trouver ici.
Certes, une offre relevée, plus ethnique passe par une meilleure intégration des immigrants au sein de notre filière. Nous commençons à voir un portrait plus multiculturel au sein de certaines entreprises d’ici, et c’est tant mieux. Et vu que l’immigration augmente sans cesse, cette tendance ne s’estompera pas de sitôt.
En tant que pays, notre performance économique dépend d’une immigration plus ouverte et bien rodée. Il faut la reconnaître et la célébrer. Le Canada a tant à offrir. Accueillir cette mosaïque de saveurs alimentaires qu’offre le monde fait plus que jamais partie de l’identité canadienne en restauration, à l’épicerie et partout ailleurs dans notre société moderne.