La crise dans le cochon: la fédération répond, l’UPA se cache

(LVA)  La Vie agricole suit, depuis le printemps dernier, la crise qui se dessine dans le secteur porcin. Nous avons envoyé la semaine passée les 4 mêmes questions aux Éleveurs de Porcs du Québec et à l’UPA. La fédération nous a répondu, l’UPA, comme à son habitude, a joué à l’autruche et a mis la tête dans le sable, ou disons pour faire plus agricole, le groin dans la…

Les Éleveurs de Porcs du Québec ont le mérite de défendre leur position : qu’en est-il de l’UPA ?

Les producteurs indépendants ont-ils une place satisfaisante dans le système actuel ? Où se situe l’UPA sur ce sujet?

Que pense le syndicat de « l’ouverture des livres » ? De la vérification des états financiers des abattoirs ? De  la transparence des Acheteurs? Y tient-elle mordicus comme les Éleveurs de Porcs du Québec ? Ou est-ce que la transparence n’est pas la tasse de thé de l’UPA ? L’UPA d’aujourd’hui estime-t-elle que l’UPA sous Jacques Proulx s’est trompée en ouvrant l’ASRA à tous ou l’UPA de Martin Caron valide-t-elle la décision de l’époque ? Toutes les réponses s’entendent, mais encore faut-il avoir une réponse pour se faire une idée d’une organisation !

Les Éleveurs de Porcs du Québec nous ont transmis ces réponses ci-dessous ( aucun retour de l’UPA):

La Vie agricole (LVA) : Yan Turmine, l’un de nos chroniqueurs écrivait au printemps dernier : « Compte tenu de la concentration des abattoirs de porcs au Québec, il est aberrant que les programmes de soutien à la production porcine s’appliquent aux porcs sous propriété ou sous contrat d’abattoir » et il demandait l’ouverture des livres des abattoirs par souci de justice entre tous les producteurs. Reconnaissez-vous qu’il y a une injustice pour les producteurs indépendants dits de proximité dans le système actuel ?

Les Éleveurs de Porcs du Québec (EPQ) : Les Éleveurs de porcs du Québec administrent et appliquent le Plan conjoint. En ce sens, ils s’assurent que la mise en marché des porcs soit ordonnée efficace et équitable. C’est d’ailleurs pourquoi ils ont soumis, le 11 novembre dernier en assemblée, un projet de règlement visant à introduire des périodes de restrictions de mise en marché et des dispositions sur la réduction de la production. Ces modifications réglementaires, qui doivent être entérinées par la Régie, viendraient corriger le fait que ce sont les porcs de proximité (i.e. les porcs des producteurs indépendants) qui sont désassignés en premier lors d’une diminution des capacités d’abattage. Malgré que la Convention ne prévoie pas une désassignation équitable des porcs lors d’une diminution des capacités d’abattage, les éleveurs indépendants n’ont pas été laissés pour compte lors des plus récentes diminutions de capacités d’abattage. En effet, les Éleveurs ont procédé à des ententes permettant l’écoulement de ces porcs. Les frais liés à ces ententes ont été absorbés par tous les producteurs, sans égard à leur type de production. Quant à « l’ouverture des livres », soit la vérification des états financiers, la transparence des Acheteurs est essentielle pour la suite des choses et les Éleveurs tiennent mordicus cet engagement.

LVA : Yan Turmine a dit lors de la rencontre d’une centaine de producteurs de porcs le 3 mai dernier en Beauce : « Vous devez vous battre pour retrouver un plan conjoint comme autrefois comme avaient vos parents et vos grands-parents. Le plan conjoint actuel est nul à chier. Désolé pour les gens de la fédération, mais c’est ça! ». Quelle lecture faites-vous actuellement de la situation dans le secteur porcin?

EPQ : La situation est difficile en ce moment pour les marchés du porc. C’est une situation qui a été vécue mondialement, mais à des intensités différentes. Étant présentement en négociation de la prochaine Convention de mise en marché, les Éleveurs préfèrent ne pas étaler sur la place publique leur argumentaire en lien avec la formule de prix et les indicateurs de marché. Cependant, les Acheteurs et les Éleveurs sont accompagnés par Me Raymond Bachand, nommé comme conciliateur par la Régie. Les parties collaborent activement avec ce dernier dans le but de trouver un terrain d’entente pour la prochaine formule de prix.

LVA : Jean Garon, ancien ministre de l’Agriculture, écrivait dans nos pages en 2012 : « L’UPA, sous Jacques Proulx, comme président, s’est mise à réclamer au début discrètement que le gouvernement couvre autant la ferme intégrée qui ne l’était pas que la ferme familiale indépendante. ( … ) Le régime d’assurance stabilisation du porc est vite devenu largement déficitaire, les intégrateurs s’assurant des dizaines de millions de dollars d’indemnités». Trouvez-vous juste cette affirmation et y-a-t-il de bonnes raisons pour que les intégrateurs aient obtenu et obtiennent ces soutiens ?

EPQ : Le programme ASRA est essentiel et vital pour les éleveurs de porcs du Québec. Le secteur porcin ne bénéficie que de très peu de soutien gouvernemental en vertu de ce programme, comparativement aux autres éleveurs porcins d’autres pays. De plus, les retombées économiques pour le Québec sont nettement plus importantes et couvrent le soutien de l’État en vertu de ce programme. Actuellement, les Éleveurs de porcs du Québec ne militent pas pour un changement des règles de l’ASRA, appliquée par La Financière. Notre rôle est de défendre tous les producteurs de porcs du Québec sans égard à leur modèle d’affaires et en assurant un équilibre entre tous types de modèles. Ce rôle se décline notamment en assurant un équilibre auprès des entrepreneurs porcins indépendants pour qu’ils aient leur place au sein de la filière porcine québécoise. 

LVA : Jean Garon allait plus loin dans une autre chronique disant : « L’UPA doit admettre qu’elle s’est trompée, sinon elle ne fera pas la job». Diriez-vous au regard des développements que l’UPA s’est trompée et comment voyez-vous l’avenir dans le cochon ?

EPQ : Bien que les derniers mois aient été difficiles, nous entrevoyons positivement l’avenir dans le secteur porcin. Nous élaborons actuellement des programmes pour soutenir nos producteurs dans l’écoulement des porcs et la force du Plan conjoint nous permet de réglementer la mise en marché de nos produits dans le but qu’elle soit efficace, ordonnée et équitable. C’est grâce à ce Plan que nos éleveurs ayant des modèles d’affaires très variés pourront poursuivre la carrière qu’ils ont choisie.

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