Les producteurs de porcs ne savent plus où donner de la tête. Après qu’Olymel leur ait annoncé une coupure de près de 1,000,000 de porcs, voilà que la même entreprise dit manquer de porcs. Plusieurs subissent des pressions pour livrer plus de cochons aux abattoirs, et le poids des porcs livrés baisse. C’est un peu déroutant pour un producteur qui, il y a quelques mois à peine, devait prendre des mesures pour réduire son cheptel.
Cela risque d’alimenter le cynisme et l’incompréhension à l’égard d’Olymel et des gestionnaires du plan conjoint. Suite aux annonces de coupures de productions, plusieurs producteurs qui avaient pris les devants pour réduire leur troupeau, suivant ainsi les directives des Éleveurs de porcs, se disent sûrement aujourd’hui qu’ils auraient dû attendre, car ce manque de cochon concerne des truies saillies il y a pratiquement 8 mois, avant même que plusieurs commencent à réduire leur cheptel.
La plupart ont planifié leur réduction pour des livraisons réduites à partir de décembre. Cette situation semble donner raison à ceux qui n’avaient pas suivi le mot d’ordre de réduction ou qui tardaient à le faire, et cela laisse un goût amer à ceux qui croient en une mise en marché ordonnée.
Un bon côté de ce besoin surprise de porcs, c’est que cela va sûrement régler le problème d’exportation des surplus de porcs aux États-Unis qui coûte très cher en transport aux Éleveurs de porcs. Ceux-ci devraient être redirigés vers les abattoirs québécois.
Au Québec, le porc le moins cher en Amérique du Nord!
Autre irritant pour les producteurs de porc du Québec, c’est probablement au Québec que l’on retrouve le porc le moins cher en Amérique du Nord. Le différentiel de prix est quelque part entre 30 et 40 dollars du cochon, ce qui est majeur. À titre d’exemple, dans la semaine du 10 juillet le prix moyen du porc au Québec était de 225,40 $ du 100 kg, en Ontario 264,16 $ du 100 kg et aux États-Unis environ 287 $ du 100 kg. Certains vous diront que cette différence s’explique par les accords conclus avec Olymel afin que celle-ci puisse continuer à prendre les quelque 600,000 cochons qui devaient être coupés au printemps, mais c’est un peu ironique de voir l’abattoir qui vous demande un rabais pour écouler une production excédentaire à ses capacités d’acheter, vous dire qu’il manque de cochons une fois que le rabais a été accordé.
Un plan conjoint brouillon!
Toute cette situation fait un peu brouillonne pour une gestion qui se veut ordonnée par son plan conjoint.
Mon analyse est probablement trop simpliste, la réalité est probablement beaucoup plus complexe, les Éleveurs de porcs du Québec et Olymel donneront sûrement les raisons de cette situation. Cependant le niveau de confiance dans le système de mise en marché ordonnée du plan conjoint ne sera pas en hausse, et c’est bien dommage.