Les cours d’eau au cœur d’un conflit?

De passage au salon de l’agriculture de Saint-Hyacinthe, des producteurs  nous ont approchés pour nous parler du conflit qu’ils ont avec la MRC des Maskoutains en lien avec les cours d’eau qui longent les terres agricoles.

Certains ont reçu dès 2019  une lettre disant: « À la suite de trois visites d’inspection effectuées par le personnel de la MRC des Maskoutains, les (…), il a été constaté que vous avez effectué ou fait effectuer par un tiers, le remblaiement du cours d’eau  (…) sur environ 500 mètres linéaires et l’installation d’une canalisation non conforme. Ces travaux sont illégaux selon les dispositions des articles 3,11, et 27 du Règlement numéro  06-197 régissant les matières relatives à l’écoulement des eaux des cours d’eau de la MRC des Maskoutains. (…) nous vous demandons la remise en état dans les meilleurs délais.»

Il leur est alors expliqué ensuite que l’amende sera entre 300 et 1000 $ et que celle-ci pourra être émise à nouveau quotidiennement puisqu’il s’agit d’une « infraction continue»

Contrer l’érosion?

5 ans plus tard, le litige persiste pour certains qui se retrouveront bientôt en cours face à la MRC. Les producteurs qui nous ont parlé s’offusquent que« le MAPAQ ait donné aux MRC la gestion des cours d’eau». Ils s’inquiètent par ailleurs de la végétalisation des cours d’eau, «bien à la mode en ce moment».  Des cours d’eau canalisés, c’est selon eux la garantie de moins d’érosion et de moins de rejets de pesticides et herbicides à l’eau. Les producteurs agricoles rencontrés s’indignent d’ailleurs qu’il soit possible de canaliser en ville, mais pas en campagne.

Pour ces producteurs, la MRC est dans l’erreur, car la loi dirait qu’un cours d’eau c’est lorsque cela jouxte 100 hectares et plus alors qu’en dessous de 100 hectares ce n’est pas considéré comme un cours d’eau. « De plus les cartes de la MRC ne sont pas aux normes», nous ont-ils dit.

Que fait l’UPA?

Ces producteurs se demandent aussi pourquoi des résolutions des Producteurs de grains (PGQ) alarmants sur cette problématique restent lettre morte lorsque cela arrive à l’UPA : « Les PGQ se traînent les pieds et L’UPA s’en crisse», nous ont-ils dit.

Suite à cela La Vie agricole est allée à la rencontre des Céréaliers du Québec qui tenaient un kiosque d’information sur la filière du blé panifiable lors du salon de Saint-Hyacinthe. Ils nous ont fait savoir «qu’ils s’inquiètent de cette situation rencontrée par plusieurs producteurs agricoles».

Des cours d’eau laissés à eux-mêmes peuvent être nuisibles

En France ces derniers mois, dans le nord du pays, plusieurs champs ont été inondés par manque d’entretien des cours d’eau.  Le Québec en tirera-t-il une expérience ?

Début janvier, une soixantaine d’agriculteurs ont mené une action coup de poing en curant eux-mêmes la Liane à Boulogne-sur-mer. Ils dénoncent ainsi le manque d’entretien des cours d’eau qui a contribué, selon eux, aux inondations dans le Pas-de-Calais.

Outre-Atlantique, excédés de voir leurs champs inondés, des agriculteurs se mobilisent, que feront ceux du Québec? Une chose est sûre dans l’hexagone, le syndicat des producteurs agricoles appuie ses membres : «Si on avait curé ici au mois de décembre, ça ne serait peut-être pas remonté de nouveau en ce début d’année“, a expliqué Antoine Peenart, le président de la FDSEA dans l’arrondissement de Calais.

1 Commentaire

  1. Je regrette, mais ces agriculteurs qui prétendent faire mieux que la nature se trompent. Le parcours capricieux des cours d’eau suit les lois d’égouttement naturelles en fonction des caractéristiques du bassin versant. Les inondations en France, c’est reconnu, sont souvent causées par le redressement artificiel des cours d’eau. Aux Pays-Bas, on rétablit les embouchures naturelles des cours d’eau au lieu de les enfermer entre des murs de béton précisément parce que c’est la meilleure façon d’assurer un écoulement naturel et rapide des corus d’eau. Restaurer un cours d’eau, ce n’est pas le redresser et l’enferme dans nos concepts de rentabilité mais respecter son cours et sa nature. Ce qui peut diminuer l’écoulement des pesticides et autres polluants agricoles, c’est davantage le respect des espaces boisés et humides, la création, ou on les a détruites, de solides bandes riveraines idéalement de 10 mêtres, c’est aussi et surtout, bien que personne n’en parle, cesser les pratiques actuelles de draïnage souterrain des terres, surtout avec des sorties de drain directement dans les cours d’eau ou les fossés d’évacuation, la plupart du temps, sans les moindres lits filtrants.
    Bravo à une des rares MRC qui assume sa responsabilité, semble-t-il, dans la protection des cours d’eau, tel qu’elles en ont le mandat via le Ministère de l’Environnement. Déjà la quasi totalité des rivières et ruisseaux sont gravenebt contaminés et l’eau potable, jusque dans les puits artésien, est de plus en plus problématique dans plusieurs municipalités qui peinent à assurer l’eau potable à leurs citoyens.

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