De la diversification en agriculture, voilà ce que demandait Jean Pronovost, auteur du célèbre rapport Pronovost, la bible pour plusieurs depuis 2008.
Ces temps-ci que l’on écoute Vincent Breton de duBreton, qui demande à la Régie des marchés de l’extraire de la mise en marché collective pour ses porcs biologiques et certifiés bien-être animal, Claude Ouellet de Porc O’Rye qui opère dans le marché des porcs nourris au seigle ou Marcel Savoie d’Unico intervenant dans le marché du veau, il semble que se différencier fait aujourd’hui partie de la recette gagnante.
À ce titre on peut donc se demander si la mise en marché collective est encore le bon outil pour tous ou si elle ne doit pas plutôt s’adapter à une réalité nouvelle ?
Dans le secteur du lait, le débat est assez similaire, Roger Bergeron et Pascal Désilet présents lors de la journée organisée par Bélisle le 25 avril dernier à Rivière-Ouelle croient à la gestion de l’offre, mais souhaitent qu’elle se modernise. Ils ont exposé les enjeux et embûches rencontrés dans leur filière. Ils s’interrogent sur le prix du lait payé plus cher pour des produits de niche que pour des produits de commodité, pour le même lait, du même camion de livraison.
Le paradoxe est-il dans le fait que les consommateurs influencés par les décideurs (notamment depuis la pandémie) et par des revenus confortables dans l’ensemble des pays occidentaux, s’habituent à des produits de plus en plus spécialisés?
Mais alors si ce type de marché est la tendance, pourquoi ces secteurs d’exception doivent-ils soutenir le ‘’Main Street’’ ?
C’est tout le sens de la réflexion que devra avoir la Régie des marchés dans les prochaines semaines notamment autour du cas de duBreton. Ce tribunal agricole a la clef pour donner de l’air à un système vieux de 50 ans, mais le fera-t-il ?
La clef s’appelle article 36 de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles et alimentaires du Québec ( il donne le pouvoir à la Régie d’exempter partiellement ou totalement des personnes ou des catégories de personnes d’un plan conjoint).
Du côté de duBreton on semble espérer que le système s’aère, du côté de la fédération des producteurs de porcs, Les Éleveurs de porcs du Québec, ont craint d’ouvrir une boîte de Pandore justifiant que de vouloir s’extraire est contraire à l’esprit de la Loi.
C’est à se demander alors pourquoi l’article 36 existe-t-il?
Dans le cas de la crise porcine, il est apparu clairement à tous les acteurs du monde agricole et agroalimentaire que la mise en marché collective (justifiée lorsque destinée à soutenir tous les producteurs d’une filière) semble actuellement servir principalement un acteur qui concentre l’ensemble de la production de porcs au Québec.
Est-ce encore l’esprit d’une filière?
Le ministre Lamontagne si soucieux de la diversification en agriculture doit regarder cela avec beaucoup d’intérêt, partagé entre assurer le maintien à flot d’un fleuron québécois tel Olymel et donner de la place à l’innovation qui lui est si chère.
Excellent article. Dans la loi sur la mise en marché collective, il y a aussi l’article 63. qui exlue du plan conjoint les ventes directes au consommateur et dont l’UPa a obtenu la suspension: il devrait être rétabli, car il impose aux producteurs et tranformateurs de proximité une charge injuste car ils assument déjà les frais de leur propre mise en marché et ne profite aucunement du plan conjoint.