Les prix explosent

Le prix des veaux vivants atteint des prix records ces derniers mois, le prix du bœuf aussi. À l’encan l’on voit des veaux croisés Holstein de quelques jours se vendre plus de 1000 dollars, certains veaux à la robe noire atteignent même les 2000 dollars. Un bouvillon de 1700 lbs à la sortie de son parc d’engraissement se vend plus de 5000 dollars pièce. Cette explosion des prix se répercute bien sûr sur les prix au détail. Il faut être riche aujourd’hui pour s’acheter un beau T-Bone. Il est fort peu probable de revoir des prix bas dans la viande rouge, l’offre a de la difficulté à remonter et la demande mondiale est de plus en plus forte. Malheureusement le Québec agricole profite peu de cette manne.

Le Québec est un bon producteur de viande de veau, il produit un peu plus de 3.5 fois ce qu’il consomme, nous sommes donc un exportateur de viande de veau. On a d’ailleurs une bonne infrastructure de production de veaux dominée par le groupe Preval AG de la famille fontaine. Pour le bouvillon d’abattage, qui produit nos steaks et autres pièces de viande rouge, c’est une autre histoire. Depuis 2008 la production est passée de 225,000 têtes à prés de 55,000 têtes. Notre autosuffisance dans ce secteur se situait à 36 % en 2019.

Cette explosion des prix s’accompagne aussi de changements majeurs dans la production. Il se produit de moins en moins de veaux de lait, les veaux incluant les veaux laitiers, qui sont très en demande, vont pour la production de veaux de grains de plus en plus lourds. On voit de plus en plus de producteurs laitiers produire des veaux croisés avec du Angus, ce qui leur permet d’obtenir des prix records. Dans ce domaine le noir c’est très payant. Les producteurs qui ont des vaches de boucherie vendent leurs veaux de plus en plus lourds, entre 650 et 750 lbs à des prix avoisinant les 5 dollars la livre pour des animaux vivants, fournissant ainsi à peine les parcs d’engraissement d’ici.

En 2024 il s’est vendu environ 47,000 veaux d’embouche au Québec. Le cheptel est en constante diminution depuis plus de 20 ans, en 2024 le cheptel québécois été de 117 000 vaches de boucherie, une diminution de pratiquement 27% en 10 ans. La tendance est de produire plus de veaux de grain, et moins de bouvillons d’embouche (1700 lb)

Cette tendance se voit un peu partout en Amérique du Nord. L’élevage des bouvillons d’abattage repose sur l’accès à du grain à faible prix, et l’élevage vaches veaux qui fournit les parcs d’engraissement de bouvillons se fait sur des pâturages sur des terres de moindres valeurs agronomiques.  Avec l’explosion des prix des grains depuis 2008, la transformation de grains en viande est de moins intéressante, car le prix de la viande ne s’est pas arrimé à la croissance du prix des grains mondiaux, d’où une baisse de la production de bouvillons.

Ce qui a impacté l’élevage de vaches veaux, qui en plus s’est vu confronté à une compétition avec la production de grain dans l’utilisation des terres.

Du côté de la demande même si dans les pays occidentaux la demande en viande rouge est en baisse, sur le reste de la planète notamment en Asie la demande est en pleine croissance.

Autre enjeu d’importance pour la production de veaux et de bouvillons, c’est l’environnement. La production de viande rouge n’a pas bonne presse, les lobbies végans ont fait leur travail. De plus une production de viande rouge à partir de grains comme il se fait en Amérique du Nord n’est probablement pas viable économiquement et environnementalement à long terme, cependant la production de viande rouge sur des systèmes de pâturages permanents est une solution environnementalement intéressante par sa captation de carbone et économiquement intéressante par ses coûts de production relativement bas.

Nos 225,000 bouvillons québécois d’avant 2008, représenteraient aujourd’hui une injection de plus 1,200,000 dollars dans l’économie agricole du Québec, et probablement autant dans l’économie en aval. Sans compter le bonus environnemental si c’est bien fait. Une chaîne de production qui mériterait une attention de la part des gouvernements afin de la relancer.

 

 

 

 

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