Dans son dernier rapport annuel, la coopérative Agropur met en évidence ses bons coups. C’est de bonne guerre. La coopérative déclare 459 millions de dollars en excédent (c’est 100 millions de plus que l’an passé) soit une hausse de + 25,6 % et une augmentation du chiffre affaires de +6, 3 % ainsi qu’une augmentation du volume de lait traité. La ristourne déclarée aux membres est de 43,5 millions versus 30 millions l’an passé. Certaines ombres sont moins mises de l’avant. La ristourne déclarée n’est pas versée aux producteurs en argent sonnant et trébuchant et les activités au Canada stagnent, mais celles aux États-Unis sont en hausse de 14,4 %
L’avoir total d’Agropur atteint 2,3 milliards de dollars au 31 octobre 2020. Mais en excluant les parts privilégiées de premier rang, l’avoir des membres n’est plus que de 1,6 milliard de dollars, toutefois en augmentation de 79 millions de dollars en comparaison de l’an passé.
L’endettement reste une préoccupation
«Notons qu’étant donné le niveau d’endettement au cours de l’exercice, aucun versement de dividendes sur les parts privilégiées de premier rang n’a été effectué en 2020. En vertu de nos ententes avec les détenteurs de ces parts, il nous est permis de reporter ces paiements. N’eût été ce report, la somme versée se serait élevée à 62,8 millions de dollars et l’avoir des membres aurait été réduit d’autant.», écrit Agropur dans son rapport.
La coopérative ajoute : « L’excédent avant ristournes et impôts de la Coopérative s’est élevé à 69,6 millions de dollars en 2020 comparativement à 47,2 millions en 2019. Après avoir pris connaissance des résultats, Le conseil d’administration a déclaré des ristournes de 43,5 millions de dollars. Afin de contribuer à la réduction de l’endettement de la Coopérative, le conseil a décidé de distribuer ces ristournes en parts de placement »
Mais Agropur déclare sa satisfaction de sa performance financière de son année 2020 déclarant que l’année écoulée « a permis de dégager des flux de trésorerie positifs. Ceci nous a permis de réduire notre endettement».
Un bon travail de l’image : aide aux démunis et place à la relève
Moins reluisante dans son bilan financier que ce qu’elle laisse présager, Agropur soigne son image selon ce que révèle le rapport : «En cette période de bouleversements, la Coopérative a tendu la main aux personnes vulnérables par d’importants dons de produits laitiers. Souhaitant préserver l’héritage des générations futures, elle a accru son engagement envers une croissance durable et respectueuse des écosystèmes, des communautés et du bien?être animal (…) Déterminée à faire une place aux jeunes, Agropur a pourvu un nouveau poste d’administrateur réservé à la relève en février 2020. La Coopérative souhaite ainsi offrir un tremplin pour l’implication de jeunes producteurs laitiers dans la plus haute instance de gouvernance de la Coopérative.»
Une nouvelle politique d’emballage écoresponsable : moins de plastique chez Agropur
La Coopérative a aussi déployé des efforts considérables pour réduire son empreinte environnementale. «La mise sur pied d’une politique en matière d’emballage a entraîné de nombreuses améliorations à la source. Agropur a ainsi réduit l’utilisation de plastique, optimisé le format de plusieurs contenants et privilégié l’adoption de fibres postconsommation. Le financement de ce projet a été assuré en partie par le Fonds de développement de la transformation alimentaire.»
Pour l’avenir, les jeux sont pipés
Le Canada est moins souverain rappelle Agropur depuis la signature de divers traités internationaux. «Avec l’ACÉUM, le Canada a cédé de nouveaux quotas d’importation aux fabricants étrangers et a compromis sa souveraineté alimentaire. Les trois accords que sont l’ACÉUM, l’accord Canada-Europe et le Partenariat transpacifique représentent ensemble des concessions qui totalisent 8 % du marché canadien, soit l’équivalent de 1 200 fermes laitières.», écrit la coopérative.
«Avec l’ACÉUM, l’industrie a dû éliminer la classe 7 et le Canada a accepté de plafonner ses exportations de concentrés de protéines de lait et de poudre de lait écrémé à un niveau inférieur à ses exportations actuelles. Ce plafond ne concerne pas seulement les exportations aux États-Unis et au Mexique, mais aussi celles dans le reste du monde. Ce contexte nous force, ainsi que l’ensemble de l’industrie, à restructurer une bonne partie de notre fabrication d’ingrédients laitiers. », de déclarer Agropur.