L’UPA n’est plus audible avec son chialage permanent!

OPINION: Sylvain Charlebois

Avez-vous déjà entendu un agriculteur vous dire que les affaires vont bien ? Que l’argent coule à flots ? À en croire certains groupes, l’agriculture frôle toujours la catastrophe. Parfois, on entend la malheureuse histoire de certains producteurs qui perdront leurs chemises en raison de circonstances hors de leur contrôle, comme le climat instable, le prix des intrants qui explosent, la rareté de la main-d’œuvre, bref la liste s’allonge constamment. L’Union des producteurs agricoles (UPA) ne manque jamais une occasion de rappeler aux Québécois que les agriculteurs ont la vie dure.

La semaine dernière, l’UPA présentait les résultats d’un sondage effectué en interne. Plus de 3 000 entreprises faisaient partie de l’échantillonnage, mais la méthodologie utilisée et les questions posées aux agriculteurs n’ont pas été dévoilées. Les rapports fournis par l’UPA restent toujours un peu flous. Y parait que 11% des propriétaires de fermes québécoises songent à « mettre la clé sous la porte au cours des 12 prochains mois afin de répondre à leurs obligations financières ». Difficile de savoir ce que cela veut vraiment dire. Est-ce parce qu’ils sont tannés, ou parce qu’ils craignent une faillite inévitable ? Pas clair.

Difficile de prendre cela au sérieux lorsque la même combine se répète aux deux ans!

Nous avons aussi appris que 41 % des entreprises sondées indiquent que la hausse des taux d’intérêt pourrait les empêcher de s’acquitter de leurs obligations financières et 18 % craignent de renégocier les conditions de leur créance avec leur banque. Les résultats mettent immanquablement la table à une liste d’épicerie du syndicat. Très difficile de prendre tout cela au sérieux lorsque la même combine se répète aux deux ans, ou presque.

Bien sûr, un métier en agriculture n’est pas facile. Mais dans les autres provinces, peu de groupes vont parader auprès des médias pour clamer qu’ils vivent des moments difficiles et ont besoin d’aide. Seule l’UPA a publié un tel sondage pour chercher la sympathie d’un public déjà éprouvé par des prix alimentaires en escalade constante. Un moment plutôt mal choisi.

Ces temps-ci, tout le monde en arrache, pas seulement les agriculteurs. Les entreprises doivent aussi emprunter des capitaux à un taux plus élevé. D’ailleurs, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a effectué une enquête similaire récemment. Selon leur étude, 10 % des propriétaires de petites entreprises feraient banqueroute d’ici un an, et 46 % des entreprises menacées de fermeture cesseraient simplement leurs activités plutôt que de passer par le processus de faillite. Les taux d’intérêt et les coûts en général affectent l’ensemble de l’économie. Les données de la Fédération comprennent celles de plusieurs transformateurs alimentaires, détaillants, restaurants et autres entreprises agroalimentaires.

Il serait grand temps que l’UPA fasse la promotion des choses qui vont bien

La même lourdeur financière existe pour les consommateurs. Les ménages ayant une hypothèque de 300 000 $ à taux variable, amortie sur 25 ans, verront leurs paiements augmenter d’environ 600 $ par mois. De plus, l’inflation alimentaire forcera ce même ménage à payer 1 065 $ de plus pour se nourrir cette année. Pas facile d’obtenir la sympathie du public lorsque tout le monde a de la difficulté à joindre les deux bouts !

En somme, il serait grand temps que l’UPA fasse la promotion de choses qui vont bien pour le secteur de l’agriculture. Par exemple, selon Statistiques Canada, les recettes agricoles au Québec ont augmenté d’environ 14 % en 2022 et et les revenues devraient encore augmenter en 2023, selon Agriculture Canada. Ça ne va pas donc moins bien au Québec qu’ailleurs. Au Québec, la majorité de l’agriculture est couverte par des programmes de soutien de revenus qui captent la hausse des coûts de production, et le dernier budget provincial bonifiait les programmes de soutien de plus de 800 millions de dollars sur 5 ans.

Avec des messages aussi pessimistes et alarmants, l’UPA n’aide pas sa cause. Difficile d’encourager la relève à joindre les rangs de l’agriculture lorsque l’UPA martèle constamment le message que les agriculteurs se retrouvent toujours au bord du gouffre. Malgré cela, le nombre de fermes au Québec a augmenté depuis 2016, selon le MAPAQ. Alors, si ça va si mal, pourquoi l’agriculture de proximité attire-t-elle autant de nouveaux leaders dynamiques dans le secteur ?

Plus d’écoute pour le chialage UPAien

Le chialage chronique de l’ordre établi UPAien est tellement constant que les Québécois finissent par ne plus écouter. Un changement de ton du syndicat aiderait.

Le sondage de l’UPA a été publié quelques jours avant l’annonce d’Olymel au sujet de la fermeture de l’usine de Vallée-Jonction. Une très mauvaise nouvelle pour la région de la Beauce et ce n’est pas terminé. Il pourrait y avoir une autre fermeture, un peu à l’image des fermetures sporadiques de Maple Leaf au fil du temps. Le Québec comptera moins de fermes porcines d’ici quelques années. Pas besoin d’un sondage pour s’apercevoir que la filière porcine québécoise vit une crise. Il ne s’agit pas d’un simple cycle que le secteur traverse, mais plutôt un changement de direction qui devient nécessaire. Olymel doit survivre et l’industrie au complet va devoir se recalibrer pour répondre à un marché mondial en transition.

La résilience en agriculture n’a pas d’égal. Célébrons notre agriculture comme il se doit. Au lieu de dire que tout va mal, l’UPA devrait s’attarder aux vraies crises. Et Olymel en est une.

1 Commentaire

  1. Lorsque j’étais en agro-alimentaire ,j’avais honte de ce syndicat et de ses membres qui carburaient aux lamantages . Je les surnommais ‘’ Les Lamentins’’ de l’UPA et cela était au début des années 1980, alors imaginez la culture de ce syndicat et de ses membres après plus de 40ans. Cette culture du pessimisme a fait en sorte que les consommateurs restent de plus en plus indifférents à leurs lamantages institutionnalisés. Quelle horreure de voir notre agriculture Québécoise continuellement sur béquilles fournient par notre gouvernement dû au pouvoir politique que c’est créé l’UPA tout au long des dernières décennies. L’UPA n’a qu’une seul mission celle du quémandage auprès de l’état et le tout sert de prétexte à la grande nécessité qu’ils ont auprès de leurs membres qui en général ni comprennent pas grand chose mais endossent aveuglément et massivement n’importe quels causes en autant que c’est du lamantages qui assurera l’augmentation de leurs bien être social .

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